Lorsque que l’on parle de travail et allaitement, on trouve beaucoup de choses pour les salariées, mais si vous travaillez en indépendant ou en libéral, vous trouverez déjà beaucoup moins d’information. En effet, le terme de travailleur indépendant regroupe une grande variété de situations : du médecin qui travaille en libéral en cabinet, à l’infirmière qui se déplace à domicile, de l’avocat qui se rend au tribunal au développeur qui travaille chez lui la majorité du temps,…
En général, lorsque l’on est indépendant, il est nécessaire de maintenir sa clientèle et l’on reprend son travail tôt, d’où l’importance de bien installer sa lactation, en tirant son lait si besoin, si l’on veut pouvoir poursuivre son allaitement quelques mois ou plus.
Quelles sont donc les différentes situations d’une femme travailleur indépendant, ses contraintes et ses « trucs » à savoir ?
Tout d’abord, vous pouvez travailler à temps partiel, à plein temps, voir à temps hyper-plein. En effet, un indépendant doit travailler souvent beaucoup plus de 35h pour s’en sortir. Du coup, vous devrez avoir une organisation en béton et ce sera parfois difficile de trouver du temps pour tirer son lait.
Si vous travaillez à temps partiel, cela vous permet souvent d’être plus souple sur l’organisation de votre emploi du temps et de pouvoir y caser une tétée de temps en temps ou un tirage de lait au bon moment. Si vous êtes à temps plein avec des horaires réguliers, votre situation se rapproche de celle d’une salariée.
Si vous travaillez chez vous, trois situations sont possibles : votre bébé est gardé à l’extérieur, il est gardé chez vous ou bien c’est vous qui vous en occupez. Dans cette dernière situation, vous pouvez bien sûr continuer l’allaitement exclusif sans avoir besoin de tirer votre lait régulièrement, sauf en cas de rendez-vous. Cependant, vous êtes toujours à l’affût du moindre moment de sommeil de votre progéniture pour pouvoir travailler et c’est souvent épuisant nerveusement. Si votre bébé est gardé chez vous, vous avez tout intérêt à vous isoler pour travailler : bien sûr, petit-dernier préfère vos bras à ceux de la nounou et les réclame à corps et à cris et si vous l’entendez pleurer, c’est très difficile de continuer à coudre ce charmant tablier dont cliente adorée attend la livraison depuis hier. Donc l’isolation phonique est importante. L’avantage de la situation c’est que bébé peut venir prendre une tétée de temps en temps et vous n’êtes pas forcée de tirer votre lait, ou bien vous choisissez de tirer votre lait mais vous le faites chez vous, au moment qui vous convient et dans les meilleures conditions. Cela s’applique également si votre bambin chéri est gardé en crèche ou chez une assistante maternelle : vous pouvez travailler au calme et tirer votre lait dans les meilleures conditions d’hygiène, d’intimité et de conservation. Rien ne vous empêche alors d’utiliser un système permettant de maintenir les téterelles du tire-lait et de continuer à travailler.
Si vous travaillez en cabinet, rien ne vous empêche d’organiser votre emploi du temps de manière à garder des plages pour tirer votre lait ou pour que la personne qui garde votre bébé vous l’amène pour une tétée. Au moins, vous avez un bureau pour vous isoler et vous êtes en général maitresse de votre emploi du temps.
Si vous travaillez en visites à domicile, cela se complique un peu : soit vous vous déplacez à pied ou en transports en commun, soit vous vous déplacez en voiture. En voiture, il possible de tirer son lait très discrètement avec un petit tire-lait fonctionnant sur batterie ou que vous pouvez brancher sur l’allume-cigare. Un châle peut vous couvrir et personne ne s’apercevra de rien. Je sais, cela peut paraître difficile à croire mais certaines mères l’ont fait sans problème pendant plusieurs semaines. Si vous n’êtes pas en voiture, vous n’avez pas d’espace personnel. Vous pouvez imaginer de demander à votre client au moment de la prise de rendez-vous téléphonique s’il peut vous prêter une pièce un quart d’heure pour tirer votre lait mais il faut être très à l’aise et ne pas avoir peur de surprendre… Sinon, vous pouvez essayer d’organiser votre emploi du temps de manière à passer voir votre bébé une ou plusieurs fois dans la journée pour des tétées, ou bien opter pour un allaitement mixte : vous allaitez complètement votre bébé lorsque vous êtes avec lui et il prend du lait en poudre quand vous n’êtes pas là .
Si vous n’avez qu’un seul client à la fois et que vous travaillez dans son entreprise, votre situation est proche de celle des salariées de cette entreprise et vous pouvez tout à fait utiliser l’infirmerie s’il y en a une ou un bureau pour tirer votre lait. Meilleure est votre relation avec votre client, plus ce sera facile. Il ne faut pas hésiter à signifier votre besoin d’un endroit isolé pour un quart d’heure deux fois par jour, cela ne pénalise pas votre client.
Une des caractéristiques commune à ces professions c’est que vous dépendez de vos clients et ne maîtrisez pas toujours votre emploi du temps qui peut toujours être chamboullé au dernier moment. Il est alors très utile d’avoir un stock de lait au congélateur qui vous permettra de ne pas stresser si vous n’avez pas pu tirer suffisamment sur une journée. Dans un cas comme celui-ci, vous pouvez également avoir la désagréable surprise de sentir votre lait se mettre à couler au beau milieu de cette audience où vous devez prendre la parole dans cinq minutes : auréoles sur les vêtements interdites ! Un petit truc qui peut aider : l’utilisation de coussinets en silicone type Lilypadz. Ils sont très efficaces et vous êtes assurée de ne pas subir une des pires gênes de votre vie… Dans le même stock de trucs : évitez les vêtements unis noirs ou blancs : le blanc devient transparent lorsqu’il est mouillé, le noir ne cache absolument pas les auréoles. Optez plutôt pour des tissus bariolés, pas trop près du corps, ils seront plus discrets en cas de perte de lait.
Et vous comment avez-vous fait ? Quelles ont été vos astuces ?
Je me retrouve tout à fait dans la situation de l’indépendante à temps hyper plein (environ 60h par semaine en ce moment)! Au début, je m’étais dit que je travaillerais pendant les siestes de Lou, puisque en bonne nullipare ignorante je pensais qu’un bébé, ça dormait tranquillou plusieurs heures d’affilée par jour. HAHAHA.
Et donc effectivement j’ai vite été extrêmement stressée de constater que le temps de sieste était insuffisant pour bosser correctement (je suis développeuse, travail donc à la maison à 100%). Les projets n’avançaient pas, j’ai pris du retard que je paye encore aujourd’hui d’ailleurs et qui n’est pas tout à fait résorbé alors que ma fille a 14 mois bientôt. Donc lorsqu’elle a eu 8 mois, j’ai décidé de trouver une nounou.
J’ai tiré mon lait jusqu’à ses 12 mois et demi, et à ce moment là mon planning a explosé comme tous les ans au printemps et tirer était devenu une vraie contrainte qui me prenait un temps précieux, que je devais ensuite répercuter en travaillant tard le soir…Au bout de quelques jours de ce nouveau planning, j’ai arrêté. A presque 13 mois, elle pouvait largement se passer de mon lait la journée chez la nounou, elle n’en prenait qu’au goûter d’ailleurs.
Toujours à la demande à la maison en revanche, aucune restriction, parfois une dizaine de tétées par jour les journées de week-end. Allaitement toujours en cours et pour un bon moment encore! Sevrage naturel visé ici…Elle est passée de 45h de garde hebdomadaire à 35h il y a quelques jours (j’ai réorganisé mon planning).
Allaiter et travailler 60h par semaine, c’est possible^^
@Wroking Mama
Ah le mythe du bébé qui dort pour nous laisser travailler, moi aussi je l’ai vécu 😉
Bravo pour cette organisation !
j’ai été amenée a tirer on lait en voiture (pas pour le boulot mais en WE « de grands »), sur un parking de resto, et je valide la discretion, avec un freestyle de medela et un poncho
mais j’ai une amie qui a tire-allaité 8 mois (fente palatine de sa puce), et qui tirait en toute circonstances , y compris en roulant
@elo
Merci pour ce témoignage car peu de gens croient à cette possibilité !
Merci pour ce joli article.
Ici, indépendante en cabinet, j’ai tout d’abord consulté avec bébé car reprise à ses 7 semaines. Elle était en écharpe ou sur son tapis. J’avais prévu des petits hauts discret pour que mon patient ne voit rien et je demandais toujours si cela gênait. Cela pendant 1 très bon mois.
Puis je me suis arrangée pour que le papa me l’amène quand cela était nécessaire. Soit j’allaitais en consultation soit entre. Ma fille faisant des tétées rapides cela facilitait.
Puis tranquillement assistante maternelle et tirage de lait sur mes pauses et le soir.
Lorsque je suis en extérieur notamment a l’université pour donner mes cours, ma responsable est au courant, me laisse son bureau et a arrangé mon emploi du temps pour me permettre de tirer mon lait. C’est mon troisième bébé et on faisait déjà comme cela pour mes deux premiers.
Par contre, pour le cabinet, première fois où je me suis organisée de cette sorte et certes c’est sportif mais j’ai aimé travailler avec mon bébé si petit.
@Marie
Bravo ! Les patients n’ont jamais eu de remarques désagréables ?
Une patiente m’a fait une remarque sur le fait que je travaillais avec mon bébé… Je lui ai poliment répondu qu’elle savait que mon bébé serait avec moi après la naissance, condition pour que je reprenne mes consultations aussi tôt et que si cela l’a dérangeait elle aurait pu reporter sa consultation… A cette date, elle me demande à chaque fois si je l’allaite toujours…. Mon bébé aura 1 an dans quelques jours et oui je l’allaite toujours… et parfois le papa me l’amène en consultation si notre fille fille est en pic de croissance ou si les réserves au congélateur de mon lait sont trop minces.
Par contre, j’ai eu des remarques TRES positives que se soit juste après la naissance ou encore maintenant. L’ambiance est différente, plus posée, plus détendue. Je consulte très fréquemment pour les futures mamans ou les toutes jeunes mamans, elles sont parfois admiratives mais cela leur permet de parler de leur allaitement futur ou actuel ou passé… j’ai un souvenir ému d’une consultation où la patiente allaitait son petit 4ème et moi ma petite dernière…
Mes patients me demandent souvent où j’en suis, les mamans qui vont accoucher comment je me suis organisée avec mon travail et mon allaitement. certaines m’appellent à leur accouchement pour me poser des questions, pour demander la marque de mon tire lait, pour me demander comment l’assistante maternelle s’est organisée… Impression d’avoir lancée une petite boule de neige en haut d’une montagne et qu’elle grossit au contact de mes patientes qui réfléchissent autrement l’allaitement, le maternage.
Je pourrai en parler pendant des heures….j’ai déjà été très bavarde…. 😉
@Marie
Merci infiniment d’être bavarde ! J’adore vous lire !
enfin un article qui pense à nous les libérales!
ici ça a été grosse galère, j’ai du reprendre le travail plus tôt que prévu, je ne savais pas que j’aurais autant de mal avec le tire lait donc je n’avais pas prévu de réserves de lait, j’ai beaucoup pleuré en me disant que j’allais devoir sevrer mon fils quand au bout de 20minutes de tire lait, je n’avais même pas 10ml, et puis j’ai eu la chance d’avoir un conjoint qui a joué le jeu et qui m’apportait mon lutin au travail quand il avait besoin de téter, et je le mettais au sein entre 2 patients. ça a été vraiment difficile, mais à 25 mois, j’ai toujours un néné-addict, et j’en suis fière!
@aml
Bravo à vous !!!
Merci 🙂
Je serai avec ma cacahuète accro aux seins, aux journées des Doulas !
@Marie
Alors n’hésitez pas à venir me voir : je vends mes livres et j’anime un atelier le samedi matin.
J’y compte bien ! Je ne serai pas à l’atelier car un autre me plaît beaucoup et je peux venir à vos ateliers sur Paris facilement 🙂
A samedi prochain 🙂