Aujourd’hui, je reçois Clémence, du cabinet Become.
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- Bonjour Clémence, tu es coach et tu accompagnes les personnes qui veulent changer d’orientation professionnelle mais aussi les femmes qui reprennent un travail à l’issue de leur congé maternité. Que proposes-tu à ces femmes ?
Je propose des ateliers en ligne en petits groupes.
C’est un format type Google Hangout, très convivial qui permet à la fois de visualiser un support de cours et de se voir toutes. Comme c’est en ligne, aucun déplacement à prévoir. L’idée était de ne pas ajouter de contrainte aux mamans déjà bien occupées tout en gardant les échanges directs !
C’est un cycle de formation en 3 étapes sur 3 moments spécifiques : Grossesse, Congé maternité et Retour de congé maternité.
Par exemple au cours de l’atelier sur le retour de congé maternité vous apprenez à mieux communiquer vos choix, à améliorer votre organisation et à trouver les leviers de développement de votre carrière.
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- Beaucoup de femmes changent d’orientation professionnelle à l’arrivée d’un enfant, que peux-tu leur conseiller ?
De prendre le temps et de se faire accompagner.
Je l’ai vécu moi-même car j’ai créé mon cabinet de coaching et de formation à la naissance de mon premier enfant.
Après dix années en tant que Responsable RH en entreprise en tant que salariée, créer sa société n’était pas évident.
Sans accompagnement je ne me serais peut être pas lancée, j’aurais peut être baissé les bras rapidement ou perdu du temps sur certaines démarches.
Ma recommandation est de pouvoir bénéficier d’un regard extérieur bienveillant et/ou susceptible de vous donner des conseils avisés tout en vous encourageant dans votre démarche : cela peut-être un coach bien sûr mais aussi, tout simplement une amie, son conjoint, un mentor, un.e ancien.ne collègue.
Qu’il s’agisse de vous mettre à votre compte, de changer de secteur ou de type de métier, il me semble crucial de prendre le temps de bien formaliser votre projet , de comprendre vos forces et d’appréhender les codes de l’univers que vous souhaitez rejoindre.
C’est tout à fait compatible avec l’arrivée d’un enfant, tant que nous sommes bien préparées !
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- Ce n’est pas toujours facile de retrouver sa place au travail après un congé maternité, que conseilles-tu aux femmes pour qu’elles ne soient pas mises à l’écart ?
C’est effectivement un moment dans sa carrière très déstabilisant car beaucoup ont le sentiment de devoir refaire leur preuve, d’avoir tout oublié et parfois d’avoir été complètement oubliée !
Du côté de l’entreprise, pour pallier votre absence, les personnes ont dû faire sans vous ou vous ont remplacée. Les managers, pris eux-mêmes dans les urgences du quotidien, n’ont pas toujours la visibilité sur votre date exacte de retour et l’anticipent donc rarement.
Ma recommandation est donc de garder un minimum de contact pendant votre congé maternité. L’idée est de trouver le bon dosage pour soi pour donner des nouvelles et en prendre tout en respectant ce temps de pause si particulier qu’est le congé maternité.
Rappeler votre motivation avant votre départ et quelques semaines avant de rentrer, faire un point téléphonique avec votre hiérarchie et ou votre RH, trouver une relation de confiance pour suivre les évolutions de l’organisation sont des éléments qui permettent de ne pas vous sentir totalement perdue en arrivant le premier jour.
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- Penses-tu que l’allaitement soit une problématique particulière pour le retour au travail ?
Je viens d’animer des ateliers spécifiques lors d’une journée organisée pour les 6 ans de Mum-to-be party et le sujet de l’allaitement est très souvent revenu.
Les femmes ne savaient pas si elles allaient pouvoir continuer sereinement et craignaient de devoir faire un choix !
De mon point de vue, la femme est prise entre différentes injonctions sociétales : un allaitement exclusif jusqu’aux 6 mois de l’enfant et la reprise du travail 10 semaines après l’accouchement.
Des lois existent qui protègent et favorisent l’allaitement maternel après le retour en entreprise mais dans la réalité toutes les entreprises concernées n’ont pas fait les démarches nécessaires surtout si la question ne s’est jamais posée avant.
Le sujet de l’allaitement vient s’ajouter à la liste d’interrogations qui assaillent la femme avant son retour au travail et cela peut paraître compliqué d’en parler.
Il me semble cependant que plus vous réussirez à en discuter avec votre employeur pour connaître comment cela se passe si vous devez tirer votre lait, comment s’organiser au mieux pour que tout le monde y trouve son compte, plus vous serez en mesure de vous y préparer.
Je ne peux que recommander ton blog est particulièrement riche sur tous les bons conseils pour continuer à allaiter tout en retravaillant !
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- Qu’as-tu envie de dire à toutes ces femmes qui reprennent le travail ?
De faire preuve de compassion envers elle-mêmes, elles ont vécu un bouleversement physique, hormonal, psychique et se sentent encore parfois dans l’Å“il du cyclone .
Que cela prenne un peu de temps pour retrouver ses marques est tout à fait normal .
En revanche si après plusieurs semaines, vous avez un sentiment de n’y arriver nul part, de solitude, d’épuisement, n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous faire aider au maximum.
Cela ne fera pas de vous une moins bonne maman ni une moins bonne professionnelle, bien au contraire !
Chouchoutez-vous et faites-vous chouchouter ! 😉
Et faites vous confiance, cette pause vous a aussi permis de développer d’autres compétences, de prendre du recul et vous allez très vite reprendre vos marques ou parfois, avoir envie d’en créer de nouvelles !
Merci Clémence !
Articles en rapport :
- Interview d’une directrice de crèche
- Interview de Sandrine Scher, du blog Job et maman
- Interview de Gaëlle Picut du blog En Aparté
Merci pour ces bons conseils !
J’ai beaucoup de chance, mon entreprise a accueilli mon souhait de tirer mon lait sur mon temps de travail avec beaucoup de bienveillance : j’ai accès à deux salles de réunion pour m’isoler, en fonction de leur occupation, le temps que je prends à tirer n’est pas décompté de mon temps de travail alors que la convention collective ne le prévoit pas, et mes collègues sont très encourageants (l’une d’entre eux s’enquiert toujours de la quantité tirée pour m’encourager les jours où c’est un peu moins performant !).
Il y a juste ma responsable hiérarchique directe qui a sous-entendu plusieurs fois que « je n’avais pas été là cette année » alors que j’ai été absente 5 mois en tout… (et les 5 premiers mois de l’année, alors que j’étais présente, ont loin d’avoir été de tout repos, autant dire que je n’ai quasiment pas profité de l’heure en moins qui m’était accordée à partir de mon 6e mois de grossesse !).
Mon principal problème, avec cette reprise (j’ai recommencé le travail fin octobre) vient de moi-même : mon congé maternité a été l’occasion de me poser beaucoup de questions sur mon métier, sur mon entreprise… qui ne me motivent plus. Sentiment exacerbé par le déchirement (je l’ai vécu très difficilement) qu’a représenté pour moi le fait de devoir laisser mon bébé à une nounou pour revenir travailler (à temps complet, compliqué de faire autrement financièrement pour le moment). D’autant plus que mon bébé est très demandeur de câlins et de présence quand je suis avec lui, les nuits ne sont donc pas de tout repos et je commence à accuser le coup.
Mais la priorité, c’est lui, et non le travail, pour le moment.. donc j’essaie de tenir, pour lui, avec l’aide de mon conjoint qui est formidable. Et je sais que ça ne fera qu’aller mieux !
@Audrey
Merci pour ce témoignage !