- Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?
Pendant la grossesse, il était évident pour moi que je voulais essayer l’allaitement. Je voulais vivre tous les aspects de la maternité, ne rien louper (même si je suis convaincue qu’il vaut mieux un biberon qui se passe bien qu’un allaitement conflictuel).
Je n’avais pas mesuré l’importance que cela prendrait pour moi, ni la portée affective que cela aurait dans la relation à mon fils. Cela fut une découverte incroyable.
Pendant la grossesse, j’avais participé à une réunion d’information à la maternité organisée par l’association solidarilait. Le discours était positif et serein et cela m’a vraiment renforcé dans mon choix. Alors j’ai commencé à me documenter sur le net, notamment avec le blog de Véronique. Cependant, comme je n’ai pas d’autre exemple autour de moi que l’arrêt rapide de l’allaitement pour des raisons diverses, je m’étais donnée une date en me disant : « Ce sera déjà bien ». Mon fils est né fin août, je savais que je devais reprendre le travail en novembre, alors j’avais fixé la date de noël. La reprise du travail me semblait un obstacle à l’allaitement alors je voulais être raisonnable.
La naissance de mon fils s’est très bien déroulée, j’ai donc pu le mettre au sein dès les premiers instants dans la salle d’accouchement et c’était merveilleux.
L’allaitement se passait tellement bien (malgré mes doutes), je trouvais ça tellement fort dans la relation avec mon fils que mon choix de poursuivre à la reprise du travail s’en est trouvé renforcé. C’était déjà difficile de le laisser pour la journée, alors me priver de ce moment privilégié, c’était trop me demander.
- Comment vous êtes-vous organisée ?
En premier lieu, je me suis INFORMEE. J’ai scruté le net et étudié quasiment toutes les pages du blog de Véronique. J’ai même acheté son livre.
J’ai commencé à faire du stock dès le premier mois d’Eliott avec un tire-lait doddie que j’avais acheté (pas trop cher). Mais cela me prenait trop de temps alors j’ai loué un tire-lait Calypso de chez Ardo chez Grandir Nature. Avant de reprendre le travail, j’avais deux tiroirs de notre congélateur rempli à ras-bord de pochettes.
J’exerce une profession libérale, donc l’organisation a été facile. Deux tirages par jour à 12 et 16h jusqu’au 7 mois de mon fils, puis une fois à 13h jusqu’à ses 11 mois. Il a suffit que je bloque le créneau sur mon agenda. Un manque à gagner, certes, mais nous ne sommes pas riches que d’argent.
J’avais fait l’acquisition d’un petit frigo pour pouvoir conserver ma production correctement.
Après m’être bloquée les cervicales en tenant les téterelles sans bouger pendant 20 min, je me suis décidée à sacrifier un soutien-gorge d’allaitement qui ne m’allait pas pour en faire une brassière. Une petite entaille au niveau du mamelon, on glisse la téterelle et le tour est joué. Ça m’a vraiment soulagée. J’ai aussi fait le stock de séries à regarder sur l’ordi pour passer le temps en attendant que les pots se remplissent.
Je n’ai que 20 min de trajet pour rentrer chez moi donc le transport se faisait dans un petit sac isotherme avec les pains de glace.
Je travaille trois jours par semaine alors, quand mon fils est gardé, je donnais du lait congelé (max 2 mois) et je renouvelais mon stock avec les tirages du jour. Quand je suis avec lui à la maison, c’est à la demande.
- Quelles ont été vos principales difficultés ?
Les doutes : pendant 4 mois, j’ai vécu dans la peur de ne pas avoir assez de lait. Une petite crainte est restée longtemps car j’ai continué à carburer à la tisane d’allaitement (beaucoup moins qu’avant désormais : je pouvais en boire jusqu’à 5 fois par jour) et aux gélules de fénugrec (mon mari m’appelait « mon petit couscous » tellement je sentais les épices) jusqu’au sevrage. Les appels aux bénévoles de solidarilait de ma région et les messages à Véronique m’ont bien aidé à baisser la pression.
Les réflexions de l’entourage : au bout d’un mois, on me disait déjà « bon ben maintenant, tu vas arrêter doucement » puis c’est devenu « bon, tu vas te décider à le lâcher oui ! » Les sous-entendus des âmes bien-pensantes qui m’ont soutenu mordicus que le refus du biberon de mon fils pendant la semaine d’adaptation chez la nourrice était « à cause » de l’allaitement Les premiers temps, j’ai eu l’impression de me battre et que beaucoup de personnes se permettaient de faire intrusion dans mon intimité. Puis, j’ai fini par comprendre que les personnes qui réagissent comme ça sont systématiquement des femmes (oui, je n’ai jamais eu de réflexions de la part d’hommes) qui n’avaient pas pu allaiter comme elles l’auraient voulu. En fin de compte, elles me font de la peine car, en réalité, elles culpabilisent beaucoup et c’est dommage.
Le manque de lait avec le retour de couche : j’ai eu mon retour de couche au bout de 8 mois et pendant les règles, les quantités de lait étaient vraiment moins abondantes. Je me suis dit que peut-être il était temps de penser à un sevrage progressif, que mon corps voulait reprendre un peu de féminité. Il m’a fallu du temps pour l’accepter mais la survenue d’une nouvelle grossesse m’a amené à mettre en action les choses : mon fils s’est mis à accepter le biberon d’un coup d’un seul alors j’en ai profité et nous nous sommes arrêtés à 12 mois ½.
- Quels ont été vos meilleurs moments ?
Définitivement, les tétées du matin, pleine de tendresse et de calme.
Quand mon fils s’impatiente quand il me voit m’installer pour la tétée.
Les moments de rigolade quand il essaye de nouvelles positions pour manger.
- Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?
Faites ce qui est bon pour vous. Informez-vous auprès des personnes qui ont les bonnes informations (en d’autres termes, évitez les médecins et les puéricultrices qui souvent désinforment plus qu’autre chose). Faites un vrai choix, c’est-à -dire un choix éclairé, sans se soucier du regard des autres. Alors, ce sera le bon choix, quel qu’il soit.
- Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?
Sans aucune hésitation, je referai la même chose. J’ai bien l’intention d’allaiter aussi longtemps avec le petit bout qui arrivera ce printemps. 12 mois : je n’imaginais pas aller aussi loin et j’avoue éprouver un peu de fierté.
Si je devais changer quelque chose, je pense que ce serait ma peur de ne pas y arriver mais ça, je ne suis pas sure que ça se contrôle 😉
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