Je suis la maman de deux enfants, Emma, 3 ans née en août 2007 et Mael, son petit frère né en juin 2010.
Pendant ma première grossesse, je me suis demandée comment je ferais pour allier mon projet d’allaitement et ma vie professionnelle. Je suis administratrice de production dans le milieu du spectacle avec un statut d’intermittente du spectacle. Je travaille pour de petites structures d’en général moins de 10 personnes permanentes sans contact avec le public. Ce sont des compagnies de danse, de théâtre, ou de productions audiovisuelles.
Pour moi il était évident qu’il fallait que je fasse en sorte de pouvoir allaiter mon enfant de manière exclusive jusqu’à au moins ses 6 mois. Et quand je dis exclusive c’est aussi avec l’idée de « l’open-bar », impliquant que mon enfant soit toujours avec moi. C’était pour moi important de savoir que je donnais à ma fille la nourriture la mieux adaptée.
Grâce à mes employeurs je dois dire que tout c’est bien passé et le plus naturellement du monde. J’ai fait un peu le ménage au début de ma grossesse et j’ai arrêté de travailler avec les trois sociétés dont je sentais bien que ce ne serait pas possible. Par contre avec tous les autres et l’aide de mes parents je dois dire que cela a été particulièrement facile.
Cette réussite je la dois à l’ouverture d’esprit de mes patrons et aussi par le fait que pour moi c’était tellement évident que cela se passerait comme cela que quand j’ai commencé à m’organiser pour mon travail les sociétés sentaient bien que cela se passerait comme cela ou alors il leur faudrait me trouver une remplaçante…
Je n’avais de plus aucun scrupules, car je me fais payer en général à l’heure et je pense que ce qui a beaucoup aussi rassuré mes patrons c’est que je leur avais dit tout de suite qu’évidemment je mettrais un peu plus de temps à faire mon travail, car je me doutais bien qu’Emma aurait des besoins plus ou moins rapprochés de manger ou d’avoir des câlins. Mais l’avantage d’être payée à l’heure, c’est que l’on peut facilement comptabiliser les heures de travail effectif. Pour moi il était clair que mes sociétés n’avaient pas à me payer pendant que je nourrissais mon enfant.
C’était aussi simple pour moi, car mon mari gagnait suffisamment bien sa vie pour que nous sachions qu’au pire je ne travaillerais pas pendant six mois et que je rechercherais du travail après les six mois d’Emma. Heureusement pour moi, des bonnes administratrices dans mon milieu professionnel sont recherchées et qu’il n’est jamais bien difficile de retrouver du travail.
Donc pendant ma grossesse j’ai préparé la naissance de mon bébé et le fait que le premier mois je ne pourrais pas être là . Merci le télétravail et internet qui ont rendu tout cela possible aussi. De nos jours il est très facile de faire tout le social par internet, comme les fiches de paies, les cotisations sociales et autres. Pour cela nous n’avons besoin que d’un ordinateur avec une connexion internet et un téléphone.
J’ai donc accouché au mois d’août 2007. Période bénie pour les comptables, car c’est vraiment un gros temps mort. Donc je n’ai repris le travail qu’au mois de septembre. Là et bien rien n’a vraiment changé si ce n’est que j’allais travailler avec Emma et surtout mon écharpe de portage. Article indispensable pour moi. En effet, Emma avait besoin d’être portée tout le temps. Ce n’est pas un bébé que l’on pouvait poser dans un transat pendant un certain temps. L’écharpe me permettait donc de la garder contre moi et de pouvoir faire d’autres choses vu que j’avais les mains libres.
Une journée type se passait de la manière suivante :
J’arrivais le matin, m’installais tranquillement à mon poste de travail, donnais une première tétée à Emma et ensuite l’installais dans mon écharpe de portage. Les premiers mois je la mettais devant, à partir de ses trois mois, je la mettais au dos. J’avais de la chance, car Emma dormait au moins trois heures le matin. Puis il me fallait faire une pause à son réveil pour lui donner à manger, la changer, la câliner évidemment et ensuite la remettre dans son écharpe et moi repartir dans ma journée de travail.
Je n’ai pas vraiment eu de difficultés. La seule chose c’est que mon temps de travail était plus long. Un tiers de plus je pense. Mais cela mis à part tout coulait de source. Finalement, pour moi un bébé n’a besoin que d’être nourri et d’être prêt de sa mère. Souvent je ne travaillais que pendant de grosses demi-journées, parfois mes journées étaient beaucoup plus longues, surtout à la fin des trimestres au moment des charges sociales, donc je pouvais finir ma journée de travail vers 20h, mais j’avais la grande joie d’être toujours avec ma fille et d’être certaine que tous ses besoins étaient comblés. Cela libère vraiment l’esprit et permet de travailler beaucoup plus sereinement.
J’ai été agréablement surprise de me rendre compte que mes supérieurs aimaient assez cela en fait. Cela changeait un peu de la monotonie des journées sans être désagréable pour le travail, car ma fille était très calme, tant qu’elle pouvait manger à sa faim et qu’elle était portée.
Cette organisation a duré jusqu’aux six mois de ma fille et au début de la diversification. A partir de là , je l’ai laissée chez mes parents qui l’ont gardée. Si elle avait faim, ils lui donnaient le lait que j’avais tiré et assez rapidement des solides à midi. Nous avions ensuite une très longue tétée de retrouvailles lorsque je revenais la chercher.
Mon entourage était assez sceptique quant à la réussite de mon projet. Je me suis entêtée en me disant qu’il fallait au moins que j’essaie. Et finalement, je me suis rendu compte que cela s’est passé très facilement et tranquillement.
Je me rends compte évidemment que j’étais dans des conditions idéales. Petites structures, employeurs plus que compréhensifs vu que tous étaient persuadés que je faisais un très bon choix pour mon bébé et aurait voulu pouvoir eux-mêmes le faire ou que leurs femmes puissent le faire.
En conclusion je pense qu’il faut s’écouter et si on a vraiment envie de se lancer dans cette expérience, bien préparer le tout en amont en discutant beaucoup avec ses employeurs afin de les rassurer sur le fait que le travail sera fait de manière différente, mais qu’il sera quand même fait et bien.
J’ai adoré cette période où j’ai pu continuer à jouer mon rôle de mère nourricière sans intermédiaire. Je me souviens de ce sentiment de plénitude dans mon expérience de nouvelle maman. J’ai de nouveau la chance de pouvoir revivre cela avec mon dernier, Mael, qui à 6 mois et qui m’accompagne toujours dans mes journées de travail. Maintenant c’est un peu différent, car ma fille ainée va à l’école et je travaille beaucoup moins qu’avant, mais ma petite «excroissance» est toujours avec moi et c’est un vrai bonheur.
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