- Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?
J’ai choisi d’allaiter mes enfants avant même d’être enceinte. Ce choix était évident pour moi, parce que le lait maternel est ce qu’on peut donner de mieux à son enfant. Peut-être aussi que je voulais, en quelque sorte, « prolonger la grossesse » et le rapport privilégié qu’on a avec son bébé lorsqu’on lui donne le sein, pour se souvenir du temps où il grandissait en soi…
Pour ma fille (née en juin 2007), j’avais choisi de la sevrer avant la reprise du travail. Je m’y suis prise de bonne heure, parce que je voulais que ça se fasse en douceur. Je travaillais en décalé à l’époque et garder une ou deux tétées par jour était impossible car j’avais un rythme très irrégulier. De plus, tirer mon lait sur mon lieu de travail me semblait trop contraignant : pas de local « tranquille », et j’avais déjà beaucoup de mal à le tirer à la maison (en une heure je ne sais pas si j’aurais réussi à tirer un biberon)…
Pour mon fils (qui a presque 5 mois), j’ai voulu faire autrement et j’ai fait en sorte de changer de travail (au sein même de mon entreprise) pour travailler en horaires administratifs, afin de pouvoir continuer le plus longtemps possible un allaitement mixte. Ca n’aura malheureusement pas duré très longtemps.
- Comment vous êtes-vous organisée ?
Pour ma fille, j’ai commencé vers 2 mois à retirer une tétée par semaine. Elle en prenait 5 par jour, je pensais que ça prendrait un bon mois… Comme je devais commencer l’adaptation à la crèche vers 3 mois, c’était parfait. Un biberon, super. Deux biberons, ça va encore… Au troisième biberon, elle n’a plus voulu du sein. Ca a été un sacré choc pour moi de voir ma fille me repousser, je n’étais pas prête à ça. Et en plus, j’ai dû arrêter trop brusquement la lactation, ce qui a été fort douloureux.
Pour mon fils, je ne voulais pas revivre la même chose. J’ai donc commencé le sevrage plus tard, et fait en sorte de garder les tétées du matin et du soir. Il a été allaité 3 mois pleins (4 tétées par jour depuis ses 2 mois), j’ai commencé à introduire un biberon, puis deux sans problème. Quand j’ai repris le travail, il avait 3 mois ½ et j’ai supprimé la tétée du matin (parce que je n’avais pas le temps de l’allaiter le matin, il fallait s’occuper de lui, de ma fille, de moi…). J’ai continué la tétée du soir pendant un bon mois, il n’a jamais fait de différence entre le sein et la tétine du biberon !
Mais j’ai petit à petit dû compléter avec un biberon, parce que je n’avais plus assez de lait, et mon fils s’énervait… De toute façon, ce nouveau rythme m’a fatiguée, et puis j’ai voulu reprendre le sport, donc le soir, une fois par semaine, je devais tirer mon lait. Moi qui réussissais fièrement à tirer au moins 160 ml (contre 20 ml maxi pour ma fille !!), je n’arrivais plus à tirer plus de 80 ml, donc il fallait compléter aussi avec du lait artificiel.
Bref, je me suis résignée à arrêter, mais comme ça s’est fait réellement en douceur, ça n’a pas été difficile. Et puis c’était devenu plus contraignant qu’agréable parce que mon fils se mettait à pleurer au bout de 2 minutes…
Ca fait une semaine ½ qu’il est sevré aujourd’hui et tout va bien ! Et j’avoue que j’ai toujours au moins autant de plaisir à lui faire un câlin en lui donnant son biberon !
- Quelles ont été vos principales difficultés ?
La mise en place de l’allaitement pour ma fille. Elle était toute petite à la naissance (46 cm pour 2,700 kg), et elle avait du mal à bien prendre le sein (peut-être parce qu’elle avait une toute petite bouche ?)… Et du coup j’ai eu des crevasses pendant 3 semaines ! C’est là que j’ai testé ma volonté… Et j’ai tenu bon. Je me disais que je devais nourrir ma fille (j’ai du croire qu’elle mourrait de faim sinon !), même si je devais souffrir à chacune des tétées quotidiennes (7 ou 8, voire plus au début), et essayer de garder le sourire (devant mon beau-père par exemple qui était ravi de filmer sa petite fille au sein de sa maman… Je n’en ai jamais vu le film d’ailleurs !).
Et puis un jour, en en discutant avec une amie, elle m’a conseillé la seule crème que je n’avais pas encore essayée (à base de lanoline pure), et qui ma guérie du jour au lendemain ! J’ai pu continuer à lui donner le sein, sereinement…
Et puis j’ai eu un petit engorgement au début du sevrage, mais ça n’a heureusement pas duré longtemps.
Et surtout le sevrage trop brusque a été vraiment difficile, surtout psychologiquement, après tout ce que j’avais enduré pour réussir à allaiter ma fille…
Pour mon fils c’est passé comme une lettre à la poste ! Tout a été facile, même si les premières semaines, la mise au sein était légèrement douloureuse.
- Quels ont été vos meilleurs moments ?
Il y a eu de nombreux moments magiques… Les regards de ma fille, yeux dans les yeux… Les endormissements au sein…
Il y a eu aussi la toute première mise au sein de mon fils. C’était comme si je ne m’étais jamais arrêtée d’allaiter… Il est resté 10 minutes à chaque sein comme s’il avait fait ça depuis des mois… Et moi j’étais aux anges. Ca présageait bien un super allaitement !
- Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?
Prenez le temps de la réflexion…
Et parlez-en avec votre employeur. Vous avez des droits (1h par jour pour tirer son lait sur son lieu de travail) mais parfois l’entreprise n’a pas de local convenable pour ça, et si vous le demandez, elle doit pouvoir le mettre en place.
Si vous ne souhaitez pas sevrer votre enfant, ce n’est (en théorie) pas compliqué de continuer un allaitement total, encore faut-il pouvoir suivre le rythme (ne pas être trop fatiguée, pouvoir tirer son lait en quantité suffisante) et avoir un mari compréhensif !
Si ça vous semble trop compliqué, ne culpabilisez pas… On a autant de moments de tendresse avec son bébé en lui donnant le biberon… Je vous assure !
- Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?
L’expérience de mon premier allaitement m’a donné des améliorations à apporter à mon deuxième allaitement… S’il devait y avoir un troisième bébé (oh pas tout de suite !!)… Je ferais au moins comme pour mon deuxième, mais si possible encore plus longtemps ! Mais je pense qu’avec un 3e enfant je prendrais un congé parental d’au moins 6 mois (pour mon fils, financièrement c’était compliqué, mais j’aurais aimé…) pour pouvoir continuer sereinement a allaiter mon bébé…
Parce qu’il faut se le dire, malgré les droits qu’on nous a donnés pour concilier allaitement et travail, c’est tout de même plus que contraignant. Le congé de maternité devrait durer jusqu’aux 6 mois de l’enfant s’il est allaité (pourquoi pas en échange de don de lait maternel aux lactariums ? Ca profiterait à tout le monde !)
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@Sophie
Bonjour,
Je n’ai pas gardé vos coordonnées et j’ai quelque-chose à vous demander d’un peu urgent.
Si vous me lisez, pouvez-vous me contacter à contact@lactissima.com ?
D’avance je vous remercie.
Véronique