- Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?
J’ai choisi de poursuivre l’allaitement ; c’était une évidence absolue… J’étais opposée à l’idée de donner du lait artificiel à mon enfant. Mes échanges avec des mamans allaitantes, mes lectures et réunions auprès de la Leche League m’ont beaucoup aidée et motivée.
- Comment vous êtes-vous organisée ?
J’ai la chance immense de n’avoir repris le travail qu’aux dix mois de mon garçon, de plus c’est mon mari qui a pris un congé afin de rester avec lui dans la journée. J’ai commencé en tirant mon lait deux fois par jour au bureau (en milieu de matinée et en milieu d’après-midi) car j’avais peur d’engorger, puis j’ai arrêté après quelques semaines, car rentrant tous les midis (encore une chance !) mon garçon a rapidement eu suffisamment de tétées sans qu’il soit besoin de lui donner mon lait en mon absence.
- Quelles ont été vos principales difficultés ?
Aucune grosse difficulté, mais quelques moments difficiles malgré tout.
Tout d’abord, il a été très déprimant de constater que le stock de lait que j’avais constitué était inutilisable à cause d’un souci de lipases. J’ai acheté un chauffe-biberon que j’ai caché sous mon bureau et qui m’a permis de sauver le lait tiré sur place, mais finalement, les circonstances ont fait que je n’ai pas eu besoin de continuer avec cette méthode (un peu complexe) d’organisation.
J’ai aussi très mal vécu le stress de vouloir à tout prix que mon garçon tète suffisamment le matin et le midi avant mon départ. J’arrêtais presque de respirer à chaque fois qu’il prenait le sein. Pourtant je me levais très tôt pour être tranquille, mais certains jours, que ce soit le matin ou le midi, mes seins étaient lourds à l’heure de partir et je vivais très mal de supplier mon enfant de téter encore. Naturellement il s’est mis de plus en plus souvent à refuser ces tétées, voire à taper sur le sein. Il a fallu que j’en parle à une personne très proche par ailleurs consultante en lactation pour prendre enfin du recul et comprendre que mon enfant sentant mon stress et le fait que ses refus retardaient mon départ essayait peut-être de me retenir. J’ai décidé de lui faire confiance, de partir au bureau même les seins lourds, avec des coussinets d’allaitement glissés dans le soutien-gorge et prête à aller exprimer du lait aux toilettes en cas d’engorgement. Finalement ma lactation s’est adaptée très rapidement, et les tétés du matin et du midi sont totalement sereines désormais.
Il a aussi été difficile de voir que mon enfant, qui avait l’habitude de s’endormir au sein, refusait régulièrement de faire ses siestes malgré tous les efforts de son papa : il s’endormait au sein, épuisé, à mon retour le soir. Cela me brisait le coeur en plus du fait que mon mari commençait à craquer. Mais après trois mois (qui ont paru interminables, certes) de patience, mon garçon s’endort désormais au son de la voix de son papa qui lui raconte tout doucement et en boucle la même histoire. Ils ont trouvé leur solution, il leur fallait juste un peu de temps…
- Quels ont été vos meilleurs moments ?
Chaque jour, de le voir grandir, s’épanouir, de le sentir si résistant, si équilibré aussi, c’est un très grand bonheur. Tous les moments difficiles sont oubliés, l’émerveillement prend largement le dessus ! Maintenant, quand je rentre le soir, mon garçon s’assoit contre mon épaule et tète pendant que je lui lis des histoires. Ce moment vaut tous les soucis de gestion et d’organisation !
Voir la relation entre mon enfant et son papa se renforcer, avoir le sentiment parfois que ce dernier est devenu son « adulte de référence », tout cela se vit bien car je sais qu’avec l’allaitement, je garde aussi « ma » place, irremplaçable… Quand on reprend le travail et que certains jours on doute de tout, cette certitude est apaisante !
- Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?
Que ce qui peut sembler complexe a priori se gère finalement mieux que l’on peut le croire, dans la mesure où l’envie est là .
Je me dis souvent « Mais comment font les femmes qui n’allaitent pas ? » car malgré tout ce qu’on peut penser, je continue à être persuadée que j’ai fait le choix de la simplicité. Allaiter reste le remède miracles aux chagrins, aux bobos, aux réveils nocturnes, sans parler du fait que mon garçon n’est jamais malade. Plus les mois passent, plus tout est simple. Cela vaut vraiment la peine de persévérer. Et allaiter reste un immense plaisir !
- Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?
Oui, absolument. Mais je déciderais dès le départ de faire réellement confiance à mon enfant. Beaucoup d’inquiétudes étaient infondées et quand on a besoin de toute son énergie, c’est dommage de la dépenser dans un stress inutile.
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