- Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?
J’ai choisi de continuer à allaiter parce que je sais que le lait maternel n’a rien à voir avec les laits industriels pour bébé, et aussi parce qu’on m’a conseillé de le faire le plus longtemps possible à cause de graves problèmes de santé survenus il y a 2 ans (hémorragie interne très importante, découverte d’une endométriose importante),on m’a dit que ce serait bénéfique pour moi sur le plan hormonal.
Je suis très motivée depuis toujours par l’allaitement, je me suis toujours dit que ça devait être merveilleux de pouvoir le faire, et que si j’avais des enfants un jour, je ferais tout mon possible pour les allaiter !
Donc, en reprenant le travail, j’ai mis tout en oeuvre pour continuer, en espérant que ça marcherait.
J’avais très peur que ça ne fonctionne pas, d’une part parce que je travaille loin de chez moi (à 80 km), d’autre part parce que j’avais entendu dire que si je tirais mon lait, il allait se tarir, etc…
- Comment vous êtes-vous organisée ?
Les conditions ne sont pas idéales (il y a un soir de la semaine où je rentre trop tard pour l’allaiter),et je suis très fatiguée par les trajets et mes horaires, mais ça fonctionne bien finalement.
Pour l’organisation, j’ai acheté avant la reprise (et après l’avoir bien testé chez moi) le tire-lait Medela « pump’ in style », électrique et double-pompage, que je laisse dans une armoire sur mon lieu de travail.
J’ai eu différentes mésaventures avec des téterelles, qui n’étaient pas à la bonne taille,ou qui s’abîmaient, mais ils ont été supers chez Médela et tout a fini par s’arranger.
Pour tirer chez moi, je loue via la sécu le Medela Lactina.
Je prépare les biberons la veille au soir pour la nounou (étiquettes avec la date, et l’ordre dans lequel elle doit les donner).
J’ai noté sur une feuille TOUT ce que je dois faire heure par heure pour l’allaitement, chaque jour de la semaine : l’heure à laquelle je l’allaite le matin (différente suivant les jours), l’heure à laquelle je pars au boulot, les horaires bien précis où je peux tirer mon lait au boulot discrètement et sans trop stresser, etc…
C’est rassurant d’ « obéir » à la feuille sans se poser de question les jours où on n’a pas le temps de réfléchir pour que tout se passe au mieux, surtout si on est pressée sans arrêt.
Au début, je lavais sur mon lieu de travail le matériel (j’avais prévu du liquide vaisselle, des torchons, des rouleaux d’essuie-tout etc…), mais finalement,
j’ai 2 paires de téterelles, et lorsque je tire 2 fois au boulot dans la journée, je n’ai pas le temps de laver tout entre chaque tirage.Vous verriez en plus les lavabos des toilettes !! Bien douteux au niveau de l’hygiène.
Donc, je fourre tout dans des sacs plastiques bien hermétiques, et je les lave le soir tard en rentrant (ou c’est mon mari qui le fait, et là je dois dire qu’un mari motivé est bien précieux).
J’ai des sacs (toujours de chez Medela) réfrigérants pour le transport, et j’ai la chance de disposer d’un petit frigo sur mon lieu de travail.
Quelques semaines avant de reprendre le travail, j’ai eu la chance de pouvoir contacter la cousine d’une grande amie, qui allaitait encore son petit garçon âgé de plus d’un an, et à qui j’ai pu demander tout ce qui me passait par la tête au sujet de l’organisation précisément.Sa générosité et sa disponibilité, sa motivation communicative m’ont beaucoup aidée. Merci Mathilde !
- Quelles ont été vos principales difficultés ?
Mes principales difficultés ont été d’ordre psychologique.
La reprise du travail a été violente (on m’a bien fait sentir que j’avais été en congé de maternité…).
Des réflexions désagréables, même de la part de collègues mères de famille de plusieurs enfants : « pendant que toi tu étais en congé, y en a d’autres qui ont vécu !! » (véridique, et dans le service public.)
Alors que j’avais été sous morphine une partie de ma grossesse tant je souffrais, et que j’avais été arrêtée 6 mois sur 9.
Je suis revenue chez moi en pleurant les 1ers jours , en plus mon chaton faisait son adaptation chez la nounou, et franchement c’était dur.
Je me sentais particulièrement vulnérable, ce qui finissait par m’empêcher de dormir le soir, même en étant crevée, et je me suis dit plusieurs fois que c’était foutu,et que dans l’état où j’étais au bout de 3 jours, l’allaitement allait s’arrêter de lui-même.
Lorsqu’on allaite pendant le congé de maternité, on est dans un cocon de douceur, et la reprise du travail fait prendre conscience d’un coup de toute la violence extérieure.
Il faut bien s’entourer, et avoir des amis à qui parler pendant cette transition difficile.
Finalement malgré quelques moments de désespoir, et de stress terrible, tout s’est mis en place petit à petit, et chaque jour passé me rendait plus confiante dans l’idée que ça fonctionnerait.
Merci Véronique! Merci au blog de Lactissima! Quel réconfort d’avoir enfin des conseils avisés !
- Quels ont été vos meilleurs moments ?
Lorsque je retrouve Gaspard et qu’il comprend qu’on va faire une bonne tétée, et que je vois son sourire radieux, ses yeux brillants, quel bonheur !!
C’est dans ces moments-là que tous les efforts entrepris pour que ça dure prennent leur sens.
OUI ça vaut le coup !
La communication avec son bébé dans ces moments-là est indescriptible.
- Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?
Chaque maman doit se demander profondément ce qu’elle souhaite, indépendamment de tout ce qu’elle entend autour d’elle.
N’écoutez plus personne !!! A part les amis à qui vous pouvez vraiment en parler. Les réactions ne sont pas toujours sympathiques.
Il y a beaucoup d’incompréhension, de rejet, de jalousie même, lorsqu’on dit qu’on allaite encore son bébé…
Sans compter les personnes pour qui ça ne s’est pas bien passé, qui ont été mal conseillées, etc…
Dans les familles aussi, beaucoup de barrières (ça n’est pas un sujet anodin l’allaitement, ça rappelle des choses…).
Avant de prendre une décision, il faut se demander aussi si on sera soutenue par l’entourage proche (les pères ont un rôle important à mon avis), mais aussi par une nounou d’accord ,etc…
Le soutien est un facteur important dans la réussite de ce projet.Si on se sent comprise et soutenue, c’est 80% de la réussite à mon avis.
C’est pourquoi les pères ont un rôle si déterminant : il m’est arrivé de douter, comme je l’explique plus haut.
Mais mon mari m’a toujours encouragée, en m’assurant que ça marcherait! Sa confiance m’a étonnée, et m’a donné confiance à mon tour.
- Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?
Si j’ai un regret, c’est d’avoir tellement anticipé le retour au travail que j’ai stressé pour rien des semaines avant.
J’ai congelé du lait à gogo (je ne m’en suis toujours pas servi, mais ça rassure d’avoir ses petites réserves…!), j’ai mal dormi, je n’ai pas vécu dans le présent et profité à fond des derniers moments avec mon petit chéri.
Je vivais dans un compte à rebours angoissant.
Finalement, même si la reprise n’est pas facile, ça fait du bien aussi de faire autre chose !
C’est lorsque j’ai ACCEPTE que je n’y arriverais peut-être pas, que tout s’est arrangé, comme par hasard !!
J’avais très peur de ne pas avoir assez de lait, finalement j’en ai trop chaque semaine, et j’envisage d’en donner au lactarium.
Sinon, à présent tout va bien , même si parfois l’organisation est très contraignante.
Mais pour ma part, j’ai tellement de joie à le faire que je souhaite que ça dure le plus longtemps possible !!
Gaspard a bientôt 7 mois, et prend désormais des purées de légumes et de fruits aussi, ce qui permet de tirer moins de lait.
Il a commencé la diversification à 6 mois , et tout s’est bien passé. Il adore manger à la cuiller.A présent il prend en moyenne 750 ml de lait / jour, 140g de purée de légumes à midi (préparée avec mon lait bien sûr),
et 120g de compote de fruits à 16h.
Evidemment, si c’était à refaire, je referais exactement le même choix, mais en me stressant moins si possible !
Et en me laissant influencer uniquement par des personnes compétentes… Les médecins, aussi compétents soient-ils, ne connaissent en général RIEN à l’allaitement.
Et les sages-femmes, les puéricultrices, les gynécos, ne sont pas toujours hélas de bon conseil. On entend souvent des prédictions très pessimistes auxquelles il ne faut pas faire attention !
Bon courage à toutes et à tous dans cette belle aventure !
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