Je m’appelle Claire et je suis infirmière.
- Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail: sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?
Lors de ma première grossesse pour ma fille, nous partagions déjà le désir d’allaiter mon mari et moi. Je craignais tout de même de ne pas réussir, en entendant tous les témoignages d’allaitements avortés autour de moi. Mon mari m’a rapidement rassurée en me disant que j’essaierai, et puis on verra… Le premier mois a été plutôt difficile avec une crevasse à chaque sein quasi au même moment ayant impliqué que j’ai tiré mon lait dès la 2 ème semaine de vie de ma fille avec le tire-lait Avent (acheté en urgence par le papa alors que j’étais hospitalisée avec ma fille en néonat à cause d’un ictère du nouveau-né persistant). Le papa donnait un bib sur deux (de mon lait) et je tirais mon lait à chaque tétée… Les crevasses ont été longues à guérir, malgré l’application de lanoline. J’ai repris la mise au sein complète quand ma fille avait 1 mois et demi. Là ce fut le pur bonheur, avec très vite la conviction que je continuerai l’allaitement exclusif jusqu’aux 6 mois de ma fille.
J’ai eu la chance d’avoir pu beaucoup discuter avec une de mes collègues qui a tiré son lait au travail jusqu’aux 9 mois de sa fille pendant ma grossesse et pendant mon congé maternité par téléphone. Elle m’a expliqué comment elle s’était organisée, ce qui ma rassurée et confortée dans mon choix. Mon mari m’a encouragée, pensant que ce serait le meilleur choix pour notre bébé, tout en me précisant que si je devais arrêter pour une raison ou une autre, j’avais fait ce que nous pensions le mieux, et que c’était le principal.
Mon médecin de famille (pourtant de la vieille génération, comme quoi!) m’a toujours soutenue dans mon allaitement.
- Comment vous êtes-vous organisée ?
J’ai repris le travail lorsque ma fille avait 3 mois et demi passé, avec une petite réserve d’or blanc au congel et mon tire lait manuel avent. J’ai repris à temps plein, avec des horaires variables (soit 6h30-14h15, soit 13h30-21h15, soit 21h00-7h00). Ma surveillante m’a tout de suite dit que je pouvais tirer mon lait quand je le voulais (ou plutôt le pouvais) et autant de fois que nécessaire, sans restriction de temps. Le rêve ! Avec en plus à disposition une pièce avec lavabo et siège confortable, mais sans possibilité de fermer à clé (ce qui m’a valu quelques situations drôles, avec généralement les médecins de mon service qui se confondaient en excuses). Ma fille était gardée jusqu’à 5 mois par une assistante maternelle puis par la crèche de mon CHU. J’avais informé de notre choix de lui donner mon lait. L’assistante maternelle ainsi que la crèche ont été coopérants tout de suite. Je ne tirais qu’une fois par jour pendant mes jours de travail, en général lors de la pause (10h, 17h ou bien 2h) pendant 20 à 30 minutes. J’avais des scrupules à tirer mon lait en dehors des temps de pauses collectives : mon autre collègue infirmière devait alors s’occuper aussi de mes patients (4 à 5) en sachant que je travaille dans un service de soins intensifs avec des patients plutôt instables du point de vue santé.
Ne tirant en moyenne que 180 à 200 ml par jour, je complétais avec du lait congelé pour la crèche. Ma journée finie, je fonçais à la crèche ou chez moi, selon l’horaire pour donner le sein à mon petit bout. Tout le temps passé en dehors du travail, c’était tétées à volonté, avec tirage une fois par jour les jours de repos. Lorsque je travaillais l’après-midi, mon mari tentait d’attendre mon retour pour que je lui donne le sein.
A six mois révolu, après un mois de travail de nuit exclusif, j’ai gardé les tétées mais arrêté de tirer mon lait. Le mois de nuit a été dur, avec la fatigue (je ne me laissais pas assez de temps pour dormir pour louper le moins de tétées possible) qui a induit une diminution de la lactation et des nuits de travail avec impossibilité de tirer. Elle a commencé la diversification, et a fini petit à petit ma réserve de lait. Je l’ai allaitée jusqu’à son premier anniversaire.
- Quelles ont été vos principales difficultés ?
Le manque de soutien de la famille, avec les petites phrases « tu devrais arrêter… à la moindre difficulté » ou encore « tu vas l’allaiter jusqu’à quand ??? »
Le manque de temps parfois pour tirer mon lait. Le sein que je n’avais pas donné, engorgé au retour du travail (que je donnais tout de suite à ma fille, même si elle avait pris un bib une heure avant et qu’elle dormait).
Le temps en moins à partager avec mon équipe de travail.
- Quels ont été vos meilleurs moments ?
La tétée de retrouvailles à la crèche, ou à la maison, même à moitié endormie ( pour ma puce).
Les vacances d’été (elle avait 8 mois) avec simplement le sein à dégainer, n’importe où, n’importe quand.
Tous les moments de complicité et de câlins. La tétée juste avant la sieste ou la nuit ( elle s’endormait au sein).
- Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?
Qu’elles fassent au plus naturel à leur sens. Qu’elles trouvent un soutien fort auprès d’un proche ou de l’entourage élargi. Qu’elles n’hésitent pas à prendre contact avec une consultante en lactation et se trouver, lorsque c’est possible, une personne-ressource en matière d’allaitement. Je reste persuadée de l’importance d’avoir pu échanger avec ma collègue qui fut ma personne-ressource dans la réussite de mon allaitement. Mais c’est surtout mon mari qui a été mon soutien le plus indéfectible, et je l’en remercie.
Qu’elles s’équipent avec du bon matériel (tire lait, coussinets…).
- Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?
Je vais re-tenter la même aventure d’ici quelques semaines : la famille s’est agrandie depuis bientôt 3 mois avec un petit bonhomme. L’allaitement se passe à merveille et je me prépare à la reprise, cette fois à 80%, avec un nouveau tire-lait loué (Symphony de Medela qui est GE-NIAL) pour gagner plus de temps pour le tirage au travail.
Je vais juste éviter de travailler de nuit jusqu’aux 6 mois révolus de mon loupiot, pour m’éviter du stress à ne pas réussir à tirer. Nous avons toujours le même objectif, avec allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, après on verra bien… Les mots d’ordre, c’est NO STRESS.
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Félicitations pour votre allaitement, réussir à allaiter aussi longtemps malgré les horaires de nuit et la fatigue que cela représente inévitablement : je suis admirative.
Il faut dire aussi bravo au papa. Réussir à nous soutenir, nous supporter aussi et le tout SANS nous mettre la pression, ils sont forts !
Témoignage très encourageant même si je pense que je n’aurai pas de collègues aussi « soutenantes » mis des horaires moins décalés en revanche!! Merci