Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou
poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?

Je suis la maman d’une petite fille qui a aujourd’hui un peu plus de deux ans. Lorsqu’elle a eu 3 mois, je n’ai pas eu d’autres choix que de reprendre le travail. Si c’était à refaire, je pense que je ne le referais pas. Même si à l’époque, je n’avais pas vraiment le choix, pour moi, quitter ma fille si tôt était une véritable déchirure. C’est encore une grande frustration aujourd’hui. Avant de reprendre le travail, je savais que je continuerais à allaiter. Il était pour moi hors de question de sevrer ma fille. L’allaitement se passait bien, je fais partie de celles qui n’ont rencontré aucune difficulté lors de l’allaitement. J’ai eu un accouchement respecté, sans péridurale, j’ai accueilli mon enfant dans une certaine intimité (toute relative en maternité mais quand même) et ma fille a dans les minutes qui ont suivi sa naissance trouvé le sein sans difficulté. Ma fille tétait bien, j’ai refusé de regarder ma montre et de noter les horaires et durées de tétée, ma fille tétait quand elle le voulait et autant qu’elle le voulait (autant dire souvent !). Elle prenait bien le sein, elle prenait du poids. Tout roulait. J’avais tout de même pris soin durant ma grossesse de bien me renseigner et de bien me préparer à l’allaitement pour parer aux difficultés (mon livre de chevet était l’allaitement du Dr Thirion). Les premiers pics de croissance ne m’ont donc pas étonné, et je n’ai jamais douté de ma capacité à nourrir mon enfant et à subvenir à tous ses besoins.

Au bout d’à peine d’un mois et demi, je devais déjà me préparer à la reprise du travail. On me parlait déjà de sevrage. Je suis allée à une réunion de la Leche League et des mamans m’ont raconté leur expérience de reprise du travail. Une des mamans présentes m’a proposé de la contacter par mail si j’avais des questions. On a longuement échangé par mail. J’ai appris que je n’avais pas à sevrer ma fille de mon sein, que je pouvais continuer à lui proposer tant que j’étais avec elle. (Quel soulagement!) Et qu’elle prendrait le biberon de mon lait avec sa nounou. Nous avons essayé le biberon à plusieurs reprises, en mon absence, avant ma reprise du travail. Ma fille l’a accepté sans problème, tant qu’elle mangeait, ça lui allait ! Certains bébés refusent le biberon et préfèrent attendre leur maman (ce qui m’aurait flatté huhu) mais la mienne non.

Comment vous êtes-vous organisée ?

J’ai demandé à mon gynéco une ordonnance pour un tire-lait électrique (sans limitation de durée – jusqu’à arrêt de l’allaitement). J’ai commencé à tirer mon lait, d’abord avec un tire-lait manuel, pour faire quelques réserves au congélateur. Puis j’ai obtenu un Tire-lait électrique Lactina de Medela double-pompage (j’avais demandé un Symphony mais tous étaient loués).

Voici comment je m’étais organisée. Je travaillais à 100 km de chez moi, une heure de route matin et soir mais avec des horaires assez souples et la possibilité de tirer mon lait et de le stocker au frais sur mon lieu de travail. Je tirais mon lait le matin en même temps que la première tétée du matin (je n’aimais pas l’idée au départ puis il s’est avéré que c’était ce qu’il y avait de plus efficace et de plus rapide). Ma fille tétait une fois au réveil vers 07h30, puis une fois vers 08h30 avant le
départ chez la nounou. Je tirais ensuite mon lait au travail durant ma pause déjeuner en regardant des photos et des vidéos de ma puce (les premières semaines, je tirais aussi mon lait vers 10h30 puis 16h). Je ramenais le lait chez moi dans un sac isotherme et je le donnais à la nounou le lendemain. Et je tirais ensuite pendant la tétée de retrouvailles vers 18h30.

Quelles ont été vos principales difficultés ?

Je tiens à préciser que ma fille a fait ses nuits à 1 mois donc je n’avais plus de tétées nocturnes. Elle devait donc faire le plein la
journée et je devais tirer beaucoup beaucoup de lait. Au bout de quelques mois, je n’avais plus de réserves de lait et j’avais de plus en plus de mal à en faire le week-end. Je refusais de lui donner du lait industriel donc je me suis mis une grosse pression pour réussir à tirer assez de lait. Ce qui a eu l’inverse de l’effet escompté, stress, fatigue, etc. Et j’ai dû compléter par un biberon de lait industriel par jour. (On a appris à ce moment là que ma fille était intolérante aux protéines de lait de vache [IPLV], et elle n’était pas fan des yaourts et fromages à ce moment là . Elle prenait donc du lait industriel spécial IPLV).

J’avais de plus en plus de mal à tirer des quantités de lait suffisantes pour nourrir ma fille sur la journée. Et étant IPLV, la diversification ne m’a pas permis de compléter par d’autres laitages. Je devais donc tirer et encore tirer pour qu’elle n’ait pas à prendre trop de lait industriel.

Quand ma fille a eu 11 mois, j’ai arrêté de tirer mon lait au travail. Je n’arrivais plus à tirer sufisamment et j’étais fatiguée de tirer mon lait. Je savais que je prenais le risque pour le maintien de ma lactation mais ça devenait trop compliqué à gérer pour moi (la fatigue des trajets quotidiens n’a pas aidé). Elle prenait donc une tétée le matin et une le soir. J’essayais de la mettre au sein +++ le week-end mais elle s’énervait vite car ça ne venait pas assez rapidement et j’ai donc dû compléter par des biberons même le week-end alors que j’étais là . Petit à petit, elle a donc progressivement arrêté de téter pour préférer le biberon. Sur le moment, je me suis faite à l’idée et la fatigue du travail, l’organisation de la maison à gérer, je n’ai pas réussi à trouver la solution pour faire durer mon allaitement. Ma fille ne prenait plus de plaisir à téter (à la fin il fallait que je ruse, que je me mette au lit dans le noir, allongée avec elle pour qu’elle veuille bien de la tétée du soir). Le sevrage s’est donc fait tout en douceur,
mais j’ai eu du mal à l’accepter tout de même. J’aurais adoré que ça dure plus longtemps. Encore aujourd’hui, ça me manque parfois… Mais je relativise en me disant que ça a tout de même déjà duré 13 mois et que j’ai fait du mieux que je pouvais pour lui donner le meilleur de moi-même.

Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?

Continuer l’allaitement, si c’était à refaire, je le referais sans hésiter, j’insisterais peut-être même encore plus pour que ça dure le
plus longtemps possible (peut-être que je demanderais conseil à une conseillère en lactation par exemple ?). En revanche, j’ai organisé autrement ma vie professionnelle. J’ai monté mon entreprise il y a 6 mois, je travaille de chez moi. Ma fille va chez la nounou 4 jours par semaine. J’ai du temps pour elle et j’en profite un maximum. Une chose est sûre, mon prochain bébé sera allaité oui, le plus longtemps possible, mais il ne sera pas séparé de sa maman au bout de 3 mois, ça non.

Donc allaiter et travailler, le plus souvent, oui c’est possible. C’est pas mal d’organisation, surtout si on reprend le travail très tôt mais c’est un vrai bonheur de pouvoir conserver cette relation si privilégiée avec son enfant. Mes meilleurs moments sont les tétées de retrouvailles ! Quand ma fille se jetait sur mon sein après ma journée au travail. Que je pouvais enfin l’avoir tout contre moi en ayant la certitude de lui donner ce qu’il y avait de meilleur pour elle.

Audrey (Maman-Nature 49)
www.mamanature49.blogspot.com

Mes articles sur mon allaitement et ma reprise du travail:
http://mamanature49.blogspot.com/2011/06/allaiter-cetait-mon-dada.html
http://mamanature49.blogspot.com/2011/06/allez-hop-au-boulot-la-mere.html

Articles en rapport :