J’ai 40 ans et je suis maman de deux enfants, deux garçons de 6 ans et 15 mois.
Je suis aussi médecin généraliste installée en libéral depuis 2002, autant dire que pour moi les congés de maternités « légaux » sont un doux rêve
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Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?
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J’ai accouché à terme de mon premier en février 2008, et j’ai travaillé encore la veille de mon accouchement. L’allaitement était pour moi une évidence, aussi je ne me suis posé aucune question et j’ai débuté mon allaitement dès la salle d’accouchement. Les débuts ont été très difficiles, il n’arrivait pas à téter mon sein (j’ai compris bien plus tard que le problème venait du complément de préparation pour nourrisson donné au biberon que la puer lui avait spontanément donné en salle d’accouchement) et cela a duré 24h.
Je n’ai pas cédé aux pressions des différentes puéricultrices, exigé un tire-lait (on m’a apporté une antiquité des années 50 mais qui fonctionnait encore tant bien que mal), donné mon lait à la seringue et à la cuillère. Le lendemain il a fini par réussir à prendre mon sein, et tout s’est mis en route.
Sauf que, là encore mal entourée, personne n’avait détecté un frein de langue trop court, et les crevasses se sont invitées rapidement là encore ma motivation a pris le dessus et j’ai persisté malgré les douleurs.
Etant complètement novice et désinformée dans le domaine de l’allaitement, ça a mis 5 mois pour qu’une connaissance remarque un jour par hasard ce problème de langue chez mon bébé. Ca a pris 10 jours pour cicatriser une fois le frein sectionné
Je n’ai pas cédé aux pressions des différentes puéricultrices, exigé un tire-lait (on m’a apporté une antiquité des années 50 mais qui fonctionnait encore tant bien que mal), donné mon lait à la seringue et à la cuillère. Le lendemain il a fini par réussir à prendre mon sein, et tout s’est mis en route.
Sauf que, là encore mal entourée, personne n’avait détecté un frein de langue trop court, et les crevasses se sont invitées rapidement là encore ma motivation a pris le dessus et j’ai persisté malgré les douleurs.
Etant complètement novice et désinformée dans le domaine de l’allaitement, ça a mis 5 mois pour qu’une connaissance remarque un jour par hasard ce problème de langue chez mon bébé. Ca a pris 10 jours pour cicatriser une fois le frein sectionné
Et mon travail dans tout ça ??
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Comment vous êtes-vous organisée ?
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Et bien j’ai repris mon activité à temps plein 5 semaines après avoir accouché. J’ai la chance d’habiter au dessus de mon cabinet médical, et j’ai donc mobilisé papa, mamie et nounou pour garder mon petit bout chez moi. Pendant 2 mois on me l’a amené au cabinet dès qu’il avait faim, je l’ai donc allaité dans mon bureau la journée, le reste du temps chez moi, je n’avais pas besoin de tirer mon lait.
Ayant à l’époque en plus une activité salariée dans un service d’urgences, j’ai du y reprendre mon travail 10 semaines après mon accouchement, et par contre là je tirais mon lait 2 fois pendant la journée, je stockais le lait au réfrigérateur du service et parfois mon homme me ramenait le bébé pour que je puisse directement lui donner le sein dans une chambre de garde, ou à l’office. Je n’ai pas demandé l’accord de quiconque, et personne n’est venu me reprocher quoi que ce soit au service, au contraire, tout le monde était admiratif.
J’ai allaité exclusivement 6 mois, puis au moment de la diversification j’ai introduit un lait artificiel et n’ai gardé que les tétées du matin et du soir pendant 4 mois, puis uniquement la tétée du soir. J’ai allaité mon premier au final 14 mois.
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Pour mon deuxième, j’ai pris les devants. J’ai réussi à trouver des remplaçants pour une durée totale de 11 semaines. J’ai accouché en septembre 2013 et j’ai donc pu avoir 8 semaines de congé post-natal. L’allaitement s’est très bien mis en place (malgré une absence totale d’intérêt des puéricultrices au service de maternité), les notions de base sont vite revenues, et je me suis beaucoup informée sur les différents sites internet et blogs que j’ai pu trouver.
J’avais entre temps changé de poste salarié et pris un poste de médecin coordonnateur dans une maison de retraite, à la place de mon poste aux urgences. La directrice de cet EHPAD étant très compréhensive et ancienne maman allaitante, elle m’a permis de continuer mon allaitement sur place (j’emmenais bébé 2 à la maison de retraite toute la journée!!! ). J’ai refais comme avec mon premier pendant mon travail au cabinet. On me l’amenait au bureau. J’ai commencé à tirer mon lait après 3 mois, car ce système de garde à domicile n’était plus possible plus longtemps et j‘ai du le mettre chez une nourrice la journée.
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Je tirais sur un sein le matin, en l’allaitant de l’autre côté simultanément. Je tirais ensuite à midi, à 16h et lui donnait le sein le soir. Le seul souci que j’ai rencontré est qu’il a refusé le biberon pendant 15 jours. Il n’a pris mon lait d’aucune manière. Il a fini par accepter après moultes essais de biberons, tétines, soft cup, cuillères, pipettes .
Il a pris ensuite sans souci au biberon pendant plusieurs mois, pour ensuite le refuser à nouveau d’un coup quand il a eu 9 mois. Et depuis plus moyen de lui donner du lait. J’ai donc arrêté de tirer, j’ai « cuisiné » le lait que j’avais mis au congélateur, sous forme de crèmes desserts. Désormais je ne tire que lorsque je dois passer plus de 48h éloignée de mon fils, et je lui achète des yaourts au lait artificiel pour compléter.
Il a 15 mois, et continue à téter matin et soir. Je n’ai pas encore d’envie de sevrage.
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Malgré une charge de travail au cabinet très importante (mon associé est parti en retraite début 2014), mon travail de salariée à l’EHPAD et tous les autres impératifs communs à toutes les mamans de plusieurs enfants, je ne regrette absolument pas mon choix d’allaiter.
Je pense que l’allaitement maternel est la chose la meilleure qui soit pour un bébé. En dehors du fait qu’il apporte exactement ce dont un nouveau-né a besoin, de tous les bénéfices médicaux connus et encore à découvrir, l’allaitement maternel crée des liens et une interaction différents de ceux créés dans l’allaitement artificiel, enfin c’est mon point de vue.
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Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?
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Je pense que tout est possible, si on est vraiment motivée et soutenue par son entourage. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide si on rencontre des difficultés. J’ai été voir une consultante en lactation pour mon deuxième, et grâce à ses conseils j’ai pu venir à bout d’une crevasse irréductible (et cette fois il n’y avait pas de souci de frein de langue !)
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Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?
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Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose que pour mon deuxième. Je regrette juste de ne pas avoir allaité mon premier plus longtemps, même si 14 mois c’était déjà pas mal 🙂
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Si toutes les mamans pouvaient rencontrer des généralistes ayant allaiter comme vous !
Et bien statistiquement il y beaucoup « d’allaitantes » chez les professionnels de santé en particulier les jeunes medecins. Profession qui se feminise grandement par ailleurs. Il y a donc fort à parier que toutes ces expériences personnelles profiteront à toutes les patientes qui souhaitent allaiter à l’avenir!
@Stellou
C’est effectivement ce que l’on souhaite. Ceci étant l’expérience personnelle n’est pas suffisante et ne remplace pas une bonne formation 😉
Absolument!
Une bonne formation sur l’allaitement voilà ce qui manque sûrement à mon généraliste… avant de devenir maman c’était déjà mon médecin et je le trouvais vraiment très bien mais lors de la première visite avec bébé aie aie aie j’ai vu qu’il était pommé ça l’aurait sûrement rassuré que je donne des préparations pour nourrisson à mon bébé Je n’y allait pourtant pas pour avoir des conseils sur notre allaitement
mon fils et moi avions trouvés notre rythme et il grandissait super bien très éveillé. … mais là après la pesée de bébé (où il avait quand même prit près de 1 kilo avec un poids à 5160 kg ) il ose me demandé « et sinon vous êtes sûr d’avoir assez de lait ? »
Malgré la confiance que j’avais et que j’ai toujours en notre allaitement il a fallu que j’appelle ma conseillère en lactation en sortant du rendez vous
j’imagine pas une maman moins bien informé avec un bébé de petit poids …
@Charlotte
Oui c’est sûr que c’est stressant 🙁
J’ai vu récemment la remplaçante de mon médecin traitant : une « toute jeune » qui m’a dit texto « ah vous l’allaitez encore à son âge (15 mois) ! ça va être dur d’arrêter »
Je pense qu’elle n’a pas encore d’enfants et j’espère qu’elle changer d’avis quand elle en aura 🙂
@Emilie
Ouillle !
Et bien le revoilà : j ai finalement allaité mon 2 e pendant 3 ans et demi, tout en travaillant à temps plein ☺️ Une belle histoire
@Anne
Bravo et merci de ce retour !