- Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?
Pour moi, allaiter était une évidence. Je voulais donner mon lait en cadeau à ma fille, au moins essayer. J’avais lu des témoignages avec des sevrages non voulus et des regrets. Mon but est un allaitement sans regret quelle que soit sa durée.
Allaiter en travaillant fût une question que je me suis posée très tôt dans la grossesse car je suis aide-soignante, avec des horaires postée très irréguliers et des nuits de temps en temps. Plus je m’informais sur comment tirer son lait, plus je trouvais cela impossible jusqu’au jour où j’ai lu le témoignage d’une infirmière qui l’avait fait !! Alors pourquoi pas moi ?
J’ai repris le travail à plein temps à la fin du congé maternité, aux 2 mois 1/2 de ma puce.
Aujourd’hui, elle a 11 mois, en pleine santé et toujours allaitée.
- Comment vous êtes-vous organisée ?
J’ai commencé à tirer mon lait dès la naissance pour m’habituer et désengorger mes seins entre 2 tétées. J’ai pu trouver le tire-lait qui me convenait, l’électrique double avent Natural et faire quelques réserves.
Avec la reprise du travail, j’ai un rythme par poste, je tire quand ma fille dort (avant ou après le boulot) et une fois par poste pendant ma pause (20min). A la maison, c’est tétée à volonté.
Je m’installe dans une des salles de bains de l’établissement (je travaille en EHPAD) et peux mettre le lait dans le frigo de notre salle de pause.
J’ai acheté 2 lots de téterelles, un pour la maison et un pour le boulot. Comme ça, mon sac est toujours prêt et je n’ai pas de vaisselle à faire juste avant de partir travailler. Je lave tout une fois rentrée. Avec la technique du frigo, je n’ai qu’une vaisselle par jour à la maison, ce qui est plutôt confortable.
Je laisse au frigo le lait qui sera consommé le lendemain et congèle le reste.
Ma fille est gardée par mon mari, homme au foyer et a donc mon lait en mon absence. Elle garde le même rythme de tétées qu’en ma présence.
Toute la famille a été formée à la conservation du lait. Ainsi, j’ai pu laisser des stocks chez ma mère et ma belle-mère qui m’ont beaucoup aidée. Ma puce a souvent dormi chez l’une ou l’autre.
- Quelles ont été vos principales difficultés ?
Le fait que ce soit mon premier enfant donc pas d’expérience pour l’allaitement et beaucoup de questions.
Un mauvais démarrage de l’allaitement. Ma fille tétait avec ses gencives car j’avais les seins très dur au début. Elle ne buvait presque rien, pleurait beaucoup et j’avais les seins irrités et douloureux.
Elle s’est mise en économie d’énergie, ne grossissait plus. J’ai dû faire un tire-allaitement pendant un mois pour qu’elle puisse reprendre des forces avant de réapprendre à téter.
Elle a su téter correctement juste avant que je reprenne le travail. Un déchirement pour moi d’avoir eu à utiliser le tire-lait tous les jours avant ma reprise.
Le pédiatre qui me demande sans cesse des quantités de lait par biberon et fait les gros yeux dès que je dis que j’allaite encore.
Le manque d’exemple dans mon entourage et sur internet concernant ma profession et l’allaitement.
La fatigue du travail, d’un bébé qui dort peu, pleure (hurle) beaucoup et un emploi du temps draconien pour maintenir une lactation suffisante. Beaucoup de découragements.
La peur de ne pas « produire » assez, de faire une dépression ou de devoir arrêter et regretter.
Le fait de laisser son bébé et de partir. 2 mois ½ c’est beaucoup trop tôt.
- Quels ont été vos meilleurs moments ?
Le soutien de mes collègues qui ont respecté ma décision.
La première tétée sans douleur vers les 1 mois de ma puce.
Elle avait 5 mois quand j’ai pu abandonner le tire-lait pour une semaine de congés. Un rêve !
L’aide de ma famille, qui a régulièrement gardé ma fille la nuit pour que je puisse dormir. Environ une fois par semaine depuis ma reprise jusqu’à ses 9 mois.
Quand j’ai découvert le blog A tire-d’Aile. Très utile pour me remonter le moral et m’aider à persévérer. Merci encore à Véronique Darmangeat et à tous les témoignages.
Les tétées de retrouvailles et voir mon bébé apaisé après. Son air réjoui et empressé quand elle sait qu’elle va téter.
La sage-femme spécialiste en lactation qui m’a aidée à remettre ma fille au sein et à reprendre confiance en moi après le tire-allaitement.
- Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?
Je souhaiterais leur dire que si elles souhaitent allaiter et travailler, c’est possible. Peut-être difficile mais possible. Il faut s’adapter, s’accrocher, c’est une aventure unique et passionnante.
L’aide est finalement peu visible en France mais elle existe et ça vaut le coup de persévérer. On en retire beaucoup d’estime et de confiance en soi.
- Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?
Si c’était à refaire, je prendrais la même décision.
Cependant, je reprendrais le boulot le plus tard possible et éviterais mes erreurs de débutante qui m’ont conduite au tire-allaitement. C’était vraiment une épreuve épuisante.
Articles en rapport :
- Voir l’onglet témoignages
Bravo Madame.Vous avez fait ce qu’il y a de mieux pour votre bébé et nourrir son bébé est tellement merveilleux!
Félicitations à vous! Ca rassure de lire des personnes qui sont dans le même état d’esprit que vous… Car la société n’est pas du tout habituée à l’allaitement et l’allaitement long peut devenir humilant… J’ai un peu le même parcours que vous. Ma fille a 14 mois et je l’allaite. Je travaille à temps plein et tire mon lait 3 fois au bureau. Un regret: avoir du introduire le lait en poudre à ses 10 mois en plus de l’allaitement pour rassurer la pédiatre et donc, diminution de la production de lait. Il est important de trouver du soutien dans cette pratique, mais ce n’est pas facile de trouver réponse à toutes ses questions.
Bonne continuation
Merci. 14 mois! bravo à vous. Vous dites que vous avez eu une baisse de la production? J’ai remarqué une baisse dans les quantités tirés dès 9 mois,avec la diversification et l’espacement des repas. Actuellement, ma fille a 12 mois, je tire de moins en moins et mes réserves de lait congelé s’épuise. Du coup, je complète avec du lait de croissance en mon absence depuis quelques jours.
@Viviane
Le lait de croissance n’est pas forcément le meilleur choix, vous pouvez passer directement au lait entier.
https://www.lactissima.com/a-tire-d-ailes/quel-lait-donner-au-moment-du-sevrage/
https://www.lactissima.com/a-tire-d-ailes/lait-de-croissance-complement-dinformation/
merci pour la réponse. J’ai fait des recherche et rien ne prouve que le lait de croissance soit plus adapté qu’un autre. Ma mère m’a dit avoir donné du lait 1/2 écrémé dès l’âge d’un an ( à ses 5 enfants)et ça s’est très bien passé à chaque fois.
@Viviane
Aujourd’hui on se rend compte que les enfants ont besoin de gras pour améliorer les connexions neuronales donc on propose du lait entier.
Bonjour,
Juste pour dire la fin de l’histoire. J’ai arrêté l’allaitement aux 17 mois de ma puce, tout en douceur.
J’ai commencé par supprimer les tétées de nuit à 12 mois, remplacées par un gros câlin et un peu d’eau dans un biberon. Puis les deux mois suivant ce sont les tétées de l’après midi qui ont sautées au profit du goûter. Encore environ deux mois pour passer de trois à une tétée le matin. Et enfin dernière tétée le jour de ses 17 mois.
A chaque étape j’ai bien expliqué à ma fille l’arrêt des tétées et j’ai tenu bon (le plus dur à faire). Quelques gros chagrins face à mon refus, surtout pour les tétées de nuit au début. Le fait qu’elle sache faire et réclamer des câlins a beaucoup aidé à compenser. On en fait toujours sans modération et j’arrête presqu toujours mon activité si elle en réclame.
Quel bonheur de pouvoir ranger son tire lait!
J’aurais volontier continuer la tétée du matin pendant un moment mais j’ai eu une aponévrosite plantaire devant être soigné par anti inflammatoire, sans compter la pilule qui ne m’allait pas et une tendinite aux poignets qui traînait depuis un an. Prendre enfin un traitement efficace et ma pilule habituelle quel soulagement!
Là où je travaille, une collègue tire également son lait, elle a été encouragé parce que je l’ai fait. C’est super de voir que j’ai pu aider quelqu’un.
L’allaitement fut pour moi une aventure extraordinaire, qui m’a beaucoup appris. Jusqu’ici, ma fille n’a pas été malade. C’est une petite sociable, curieuse et confiante, qui sourit beaucoup.
Merci et merci encore pour ce blog très complet qui m’a énormément soutenu tout au long de mon allaitement et m’a permit de m’exprimer à plusieurs reprises.
@Viviane
Merci beaucoup à vous pour ces nouvelles !