Quel choix avez-vous fait au moment de la reprise du travail : sevrage ou poursuite de l’allaitement ? Pourquoi ?
Poursuivre l’allaitement a été une évidence au moment de reprendre le travail. Poursuivre l’allaitement en tirant mon lait au travail est également devenu évident, mais une évidence qui s’est construite petit à petit. Célestin est mon premier enfant, allaiter était naturel, mais je n’avais aucun a priori sur la durée de l’allaitement. Rapidement, j’ai adoré ce contact avec mon fils, j’ai découvert à quel point il était heureux accroché à mon sein et j’ai eu envie de poursuivre aussi longtemps que nous avions envie l’un et l’autre.
Mais la reprise du travail apparaissait comme un obstacle, je ne savais pas qu’il était possible de tirer son lait au travail facilement. Je pensais m’en tenir aux recommandations du carnet de santé : tétées matin et soir. C’est d’abord le pédiatre qui a été un déclencheur en émettant des doutes sur le maintien durable de la lactation en allaitant seulement matin et soir. Puis une amie, plutôt conventionnelle, qui avait pour projet de tirer son lait jusqu’aux 6 mois de sa fille après la reprise du travail : tirer son lait n’était donc pas une pratique d’illuminée mais répandue, possible et souhaitable pour poursuivre l’allaitement. Et puis Célestin n’avait que 3 mois et 1/2 quand j’ai repris le travail, il me paraissait de plus en plus impossible d’arrêter maintenant l’allaitement – et même l’allaitement exclusif…
- Comment vous êtes-vous organisée ?
J’ai rapidement loué un tire-lait électrique double pompage Ameda lactaline sur les conseils d’une animatrice LLL, pendant le dernier mois j’ai constitué quelques stocks pour recommencer le travail sereinement (et me permettre quelques sorties !). J’ai discuté avec la nounou (garde partagée à domicile) qui n’y voyait pas d’inconvénient, ayant elle même longtemps allaiter ses enfants – et avait moins de préparation avec le lait maternel !
A ma reprise, j’ai informé mes collègues que je tirerais mon lait pour poursuivre l’allaitement, ce qu’ils ont tous trouvé très naturel, sans doute parce que je l’ai présenté de façon extrêmement évidente. Je pouvais le faire directement dans mon bureau puisque j’y étais seule. Je laisse mon tire-lait sur place et je transporte le lait dans une petite glacière fournie avec le tire-lait que je mets au frigo la journée. Pour éviter d’être dérangée, je disposais juste un petit écriteau sur la porte. Je l’avais formulé de façon humoristique : c’était une couverture de Martine à la ferme (le personnage pour enfant), avec son dessin naïf et mon prénom. L’expression « je vais à la ferme » est devenue un nom de code dans le service…
Célestin a maintenant 9 mois, entre temps nous avons changé de mode de garde, il est entré à la crèche, il est diversifié. Mais il boit encore deux biberons de 180 ml de lait maternel et j’aimerais poursuivre ce rythme en diminuant progressivement les quantités de lait jusqu’à ses 1 ans – mais je me laisse aussi la possibilité d’arrêter plus tôt si l’envie s’arrêtait !
- Quelles ont été vos principales difficultés ?
Ne pas stresser sur les quantités produites… Jusqu’aux 6 mois de Célestin, je tirais 3 fois par jour (à mon arrivée, en fin de pause déjeuner et vers 16h30). Il y a eu des jours avec et des jours sans : parfois je débordais de lait et avait bien trop en quantité, parfois j’étais plus juste (je complétais au besoin avec mon stock ou je tirais mon lait une ou deux fois de plus !)… Parfois je n’avais pas le temps de tirer le lait comme je le souhaitais. Mais ce qui a été compliqué a été d’ajuster au départ la quantité nécessaire : la nounou avait tendance à augmenter toujours la taille des biberons, ce qui m’entraînait dans une surenchère difficile à suivre et me stressait, donc inhibait en partie ma « production ». Quand nous sommes passés à 2 x 240 ml, j’ai dit stop et transigé sur un biberon de 240ml et le second de 210ml : quand Célestin est avec son père, il ne buvait jamais autant, la nounou avait tendance à « gaver » les bébés… La quantité « gagnée » n’était pas énorme, mais psychologiquement elle m’a permis d’être plus à l’aise et de n’avoir plus de difficulté de stock.
Autre difficulté : en septembre mon service a déménagé. Je ne suis plus seule dans mon bureau : je tire mon lait à l’infirmerie qui se trouve dans le bâtiment. Ce n’est pas loin mais il faut se motiver pour y aller et je perds plus de temps, ma motivation se tasse… mais pas au point d’abandonner ! Je vais donc régulièrement aux réunions LLL pour reprendre du poil de la bête ! Et puis je suis tellement sûre de vouloir conserver ce contact avec Célestin… et notre autonomie pour les week-end et les vacances !
- Quels ont été vos meilleurs moments ?
La tétée retrouvailles du soir bien sûr !
Il y a aussi toutes ces petites joies les jours où j’arrive à produire beaucoup plus que nécessaire et que je peux congeler mon lait !
Il y a aussi eu ces trois semaines de vacances en août sans aucun biberon, sans me retrouver face à mon tire-lait et c’était vraiment chouette. ça n’aurait jamais été possible si je n’avais pas continué un allaitement exclusif et tiré mon lait et nous avons tous les 3 vraiment savouré cet aspect des choses…
- Qu’est-ce que vous souhaiteriez dire aux mamans qui doivent faire un choix dans les semaines à venir ?
De faire comme elles le sentent. De ne pas se sentir bloquées par le regard des autres : la plupart du temps, les gens sont plutôt admiratifs… Il est vrai que tirer son lait est une pratique contraignante : il faut se créer des bonnes conditions pour qu’elle pèse le moins possible dans l’organisation quotidienne. Laisser mon tire-lait au travail a été d’une grande aide : transporter quotidiennement l’appareil m’aurait vite découragé. J’ai aussi investi dans un « bandeau d’allaitement » acheté chez Mamanana, ça peut paraître un accessoire-gadget, mais il permet de tirer son lait en continuer en conservant les mains libres, donc en pianotant sur l’ordinateur, en lisant, écrivant et permet de perdre moins de temps au travail. Une fois que l’on a pris les bonnes habitudes, cela devient facile – et tellement gratifiant de savoir qu’on a pu continuer à nourrir son enfant, tout en reprenant le travail !
Il faut aussi se laisser la liberté d’arrêter si tirer son lait pèse. Je m’étais fixé un objectif aux 6 mois de Célestin au départ, aujourd’hui je vise ses 1 ans. Mais je me suis toujours dit que si j’en avais marre, j’avais aussi le droit de changer le mode d’allaitement, de passer au mixte par exemple, cet état d’esprit m’a aussi beaucoup permis de ne pas me mettre trop la pression. Je crois qu’il faut reprendre le travail sereinement, en se laissant toutes les chances, essayer pourquoi pas de tirer son lait, de voir ensuite si les conditions le permettent et ne pas en faire un devoir épuisant !
- Ce serait à refaire, vous referiez le même choix ? Que changeriez-vous ?
Bien sûr !
Je ne changerais rien je crois…
Enfin si, je serais encore plus organisée dans la gestion des stocks ! Le soir en rentrant, je remplis directement les biberons du lendemain pour la crèche et je congèle tout de suite le surplus. Cette pratique m’aurait permis d’être vraiment tranquille dès le départ en sachant que si un jour je puise dans le stock, je le remplis au quotidien ! C’est sans doute le meilleur conseil pour éviter de stresser sur les quantités…
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La vache !!! 2 bib de 240 ml : ça fait rêver…
@Aude
Oui mais chaque femme est différente et ne stocke pas la même quantité de lait entre deux tétées ou deux tirages…
Vous n’êtes pas forcément sur le même modèle 🙂