Beaucoup de femmes relatent ici ou ailleurs leurs difficultés à pouvoir conjuguer travail et allaitement car leur entreprise et leur mode de garde, non seulement ne les soutiennent pas, mais en plus leur mettent des bâtons dans les roues.
Cette situation aujourd’hui est tout à fait inacceptable !
Les femmes représentent la moitié de la force de travail de ce pays et ce sont elles qui assurent la relève en portant les enfants qui seront la richesse de notre pays demain.
Il serait grand temps que chacun le comprenne et permette aux femmes de conjuguer vie familiale et vie professionnelle.
Il serait également grand temps que l’on permette aux hommes d’en faire autant pour leur permettre de vivre leur vie de père autrement qu’à temps partiel et contribuer à un partage équitable des tâches familiales.
Mais je suis intimement persuadée que si chacun attend que la société bouge, rien ne changera jamais. C’est à chacun d’entre nous de faire bouger les choses.
Pour cela, que pouvons-nous faire ?
Et bien tout d’abord, ne pas accepter de ne pas pouvoir tirer son lait sur son lieu de travail. Le lait maternel contribue grandement à la santé de nos enfants et c’est un coût pour toute la société si nos enfants ne peuvent pas en bénéficier.
Tirer son lait sur son lieu de travail ne prend pas plus de temps que les pauses cigarette des salariés fumeurs…
Ne pas accepter non plus de devoir cacher que l’on tire son lait au travail. Je ne vous dis pas de vous installer en public pour tirer votre lait mais est-ce normal de cacher la raison de nos pauses lorsqu’on nous demande où nous étions ? Si l’on ne parle pas des pauses tire-lait, nous contribuons à en faire un sujet tabou et un sujet qui n’existe pas !
Ne pas accepter que la garde du bébé refuse le lait maternel. Si nous acceptons que nos bébés soient nourris avec des préparations pour nourrissons sous prétexte de règlements stupides, nous acceptons que ce soient les industriels qui gagnent le droit de nourrir nos bébés, avec tous les risques que cela comporte.
Ne pas accepter que l’on jette notre lait sous prétexte qu’il a dépassé une heure en dehors d’un frigo. Pourquoi refuser de suivre les études sérieuses faites sur le lait maternel et accepter de suivre la peur d’une société ? Si nous acceptons cela, nous le cautionnons !
Ne pas accepter qu’une collègue soit moquée au travail parce qu’elle tire son lait. Quand on se tait, on soutient… Qui a donc besoin d’être soutenu ? Ce ne serait pas plutôt la collègue ?
Je sais, je suis un peu virulente aujourd’hui mais je voudrais que chacun prenne conscience qu’il est un maillon dans cette chaîne de la normalité de l’allaitement. Et si chacun prend soin de ne pas négliger l’allaitement, celui-ci pourra prendre la place qui lui revient : le mode d’alimentation normal des bébés, soutenu et protégé par la société.
Et vous, que pouvez-vous faire, que faites-vous pour protéger l’allaitement ?
Entièrement d’accord, c’est la raison pour laquelle je n’ai jamais caché que je tirais mon lait et que j’ai demandé une coupure de 45 minutes le midi pour pouvoir tirer mon lait en mangeant. Je travaille en écoles de musique et certains jours je n’ai pas de pause déjeuner ( ni autre d’ailleurs) afin de répondre aux exigences horaires des familles mais pour une fois je l’ai imposée.
Je ne milite pas mais je ne cache pas et tant pis pour les railleries style » tu vas dans ta salle de traite » d’un de mes employeurs. Et j’ai eu la chance de pouvoir témoigner sur une demi-page d’un hebdomadaire départemental grâce à une journaliste impliquée.
Estelle, maman de deux enfants dont la dernière de 21 mois tète toujours jour et nuit.
@Estelle
Bravo !
C’est tellement vrai !
La crèche a accepté que j’amène des bibs de mon lait mais jetait l’excédent si ma fille ne le vidait pas.
Je leur ai imprimé la fiche de la LLL sur la conservation du LM et maintenant ils me redonnent les restes quand il y en a.
Quant à mon employeur – grosse boîte et locaux entièrement vitrés – je le « cachais » dans le bureau de ma chef qui était au courant. Je suis ensuite voir les RH qui m’ont dit que ce n’était pas possible, il n’y avait pas de local/bureau approprié. J’ai persisté pour qu’ils trouvent une solution. 15 minutes plus tard, on m’avait mis un bureau à disposition avec des posters blancs collés aux vitres.
Depuis 7 mois, je tire mon lait le midi et l’après-midi et tout le monde est content (j’ai une brassière d’allaitement donc je bosse sur mon PC avec les 2 mains libres et les téterelles qui pendent 😉
@Dorothee
Bravo !
Je tire mon lait au travail et ne m’en suis jamais caché. Par contre niveau salle j’ai dû assez insister, ils n’y ont pas mis du leur, maintenant j’ai la salle CE (et quand il y a des réunions pendant ma pause lait bah je reporte la pause, je m’adapte). Je n’ose pas trop réclamer une salle dédiée car alors il faudrait que je débadge (il y a un système de badgeage dans mon entreprise), or la loi ne prévoit pas encore que cette heure soit rémunérée, donc ils tolèrent que je ne débadge pas et en échange bah j’ai une salle un peu caduque. Cela fait depuis octobre que je tire mon lait, ma fille a bientôt un an et certains collègues me disent qu’il serait temps que j’arrête, que ma fille n’a plus besoin de mon lait. Mais bon, j’ai droit de le faire jusqu’à ses un an, alors pourquoi s’en priver 🙂
Côté garde d’enfant, mon ass mat est très conciliante et n’a jamais fait entrave à ce que j’apporte mon lait. Elle le jetait au début lorsque la petite ne terminait pas car elle pensait bien faire mais quand je lui ai expliqué que ça pouvait encore se garder bah elle l’a réutilisé pour le bib d’après.
@Maya
Bravo à vous et à votre assistante maternelle !
Je revendique de tirer mon lait malgré quelques railleries sur le mode « taquin « : c’est l’heure de la traite….. Je parle haut et fort de mes allaitements tardifs 22 mois 25 mois et 19 toujours en cours…. Quand aux réflexions sur les temps de pause-lait je leurs oppose les temps de pauses-nicotine. Les miennes ne font de mal à personne. Heureusement j’ai un bureau pour tirer tranquille et mes assistantes maternelles ont toujours été compréhensives et je les ai informées des temps de conservation grace à la LLL. Vivent les tétées !
@Mcécile
Bravo !
Voilà maintenant plus d’un an que mon fils est nourri au lait maternel. Après une période de congé maternité j’ai repris des études quand mon garçon avait 6 mois environ. L’allaitement était encore pour moi une évidence mais impossible de tirer mon lait à l’école. Nous n’avons que trois salle de classe et toutes sont occupées durant la journée. J’ai donc restreint mon tirage au matin et au soir, lorsque mon fils mange.
La nourrisse qui à mon fils en garde depuis le début de mes études a tout de suite acceptée le lait maternelle. Nous avons eu une discussion pleine d’intérêt sur la conservation et l’utilisation du lait maternelle et nous n’avons jamais eu de problème à ce sujet. Je dois avouer que j’ai même corsé la chose en lui imposant les couches lavables, qui sont passées comme une lettre à la poste (si j’ose l’expression).
Comme quoi, avec de l’organisation et des échanges tout peut se faire !
Message à toutes celles qui doutent ou qui n’osent pas : Votre enfant à besoin de vous et non des idées reçus de notre société pleine de tabous et de vices ! Battez-vous pour vos enfants, ils en ressortiront plus fort.
@Adeline
Bravo !
Je pense avoir eu de la chance : ma société m a prêté par deux fois (pour mes deux allaitements successifs)un local pour que je puisse tirer mon lait et n a jamais rien dit concernant ces pauses et je n avais ni à m en cacher ni à en rougir. Quant à la crèche et à l assistante maternelle, toutes deux ont accepté sans problème le lait fourni (conditions plus strictes pour la crèche cependant il est vrai). Finalement mon vrai problème a été le médecin pour avoir l ordonnance pour la location du tire lait mais en insistant un peu j ai pu l obtenir et la faire renouveler). Résultats : 6 ans de bonheur sans railleries malgré quelques grimaces de la part de la belle mère qui s étonnait qu un bambin puisse à la fois croquer des biscuits et encore teter ! Et bizarrement des encouragements de la part de mon grand père ! Allez les filles, si vous y croyez, foncez !
@Thi uyen
Bravo à vous et à votre entreprise !
Bonjour,
Je suis d’accord pour ne pas cacher notre allaitement, et revendiquer les droits qui vont avec, mais que faire quand notre médecin nous dit qu’après 6 mois, il est temps d’arrêter ou que l’assistante maternelle a vu en formation que le lait tiré ne se gardait pas plus de 24h au frigo. Je comprends qu’elle s’appuie plus sur ce qu’elle a vu avec des formateurs professionnels que sur mes feuilles imprimées du site de la LL.
Ne faudrait-il pas plus insister auprès des PMI, des universités, des formations CAP petite enfance (et j’en oublie) sur l’allaitement et l’usage du LM? Sur ce chantier là , j’avoue que je ne vois pas comment faire avancer les choses.
écrit d’une main sur mon lieu de travail, l’autre étant occupé à tenir les biberons qui se remplissent doucement…
@Florence
Bien sûr qu’il y a des choses à faire à tous les niveaux !
Pour votre assistante maternelle, il est possible de lui montrer des études peut-être.
Pour le médecin, vous pouvez lui dire que l’OMS recommande 2 ans d’allaitement au moins !
Bon courage !
En effet, il y a encore beaucoup de choses à changer.
Je suis moi-même un CAP Petite Enfance (je dois passer l’examen en Juin) et j’allaite mon bébé de 3 mois.
Je compte devenir assistante maternelle, pour mes débuts je pense garder des enfants de 3 ans et plus (ce sera plus facile avec mon bébé), mais si par la suite je dois garder des tout-petits allaités, je ne mettrai pas d’entraves aux souhaits des parents.
Et puis, ce sont quand même eux les employeurs…!
Si ta nounou ne veut pas garder ton lait plus de 24h, demande-lui qu’elle te le rende.
Je suis d’accord mais c’est vrai que passé les 6 mois fatidiques c’est de plus en plus compliqué d’assumer sa pause tire-lait…. 22 mois je commence à me demander jusqu’à quand je vais assumer….
@Linoa
Je comprends…
Merci Véronique pour ce très bel article !
C’est drôle parce que j’en parlais l’autre jour à une maman de copain d’école de mon fils aîné, qui me racontait sa galère pour pouvoir tirer son lait au bureau : elle est ingénieure et mère de 3 enfants (tous les 3 ont été allaités) elle tire actuellement son lait pour le 3ème qui a 11 mois : elle se cache et prend sur sa pause-déjeuner, etc… Je lui disais que j’avais tiré mon lait aussi, MAIS que je ne m’en étais jamais caché, car ce n’est pas comme ça que les choses évoluent ! Et pourtant je vous assure que tout était réuni pour que je sois tentée de le faire…Je me souviens de la réflexion d’une collègue alors que je mettais le lait au frigo (mon fils avait alors 15 mois) : « Quoi !? Tu tires encore ton lait ??? » J’avais ri et répondu que oui, par chance, tout se passait bien et que je pouvais encore le faire ! Ma joie lui avait cloué le bec ! il faudrait d’ailleurs que la loi évolue et permette aux femmes de tirer (légalement) jusqu’aux 2 ans de l’enfant (au moins) puisque l’OMS le préconise…lorsqu’on a de longs trajets, même à 2 ans ça peut être utile de pouvoir le faire.
@Clara
Oui vous avez raison !
Deux allaitements, et une grande générosité de la hiérarchie et des collègues pour mes tirages : la première fois, j’ai bénéficié pendant trois mois d’un bureau en raison de la vacance de poste d’une collègue, et quand j’ai réintégré mon bureau (double), je n’avais besoin de tirer qu’une fois par jour ; je rejoignais les autres un peu plus tard à la cantine. Quant au deuxième allaitement, j’ai tiré plus longtemps (jusqu’aux 16 mois de ma fille) que le premier (jusqu’aux 12 mois de mon fils qui ne voulait de toute façon plus de biberon depuis ses 7 mois, je mettais le lait dans ses compotes et purées), grâce à ma nouvelle collègue de bureau qui m’autorisait à tirer dans le bureau quand elle y était. on fermait la porte et on continuait à travailler pendant que je tirais mon lait, et on en profitait parfois pour faire une pause bavardage à l’abri des oreilles des autres 🙂
Cela étant, ce n’est pas parce qu’on arrête de tirer au bureau qu’on arrête l’allaitement : mon fils s’est sevré à 3 ans et 3 mois, et ma fille de 25 (bientôt 26) mois tète encore allègrement, y compris la nuit, mais pas systématiquement. C’est dans les premiers mois qu’on a besoin de tirer fréquemment, après, on peut trouver un rythme dans lequel le bébé s’adapte (et les seins aussi 🙂 ), par exemple en tétant plus la nuit, ou les week-ends.
Et pendant trois ans et demi, j’ai travaillé à 80%, ce qui me permettait d’être en open bar le mercredi… et surtout de profiter un maximum de mes enfants.
@Sandrine
Merci beaucoup pour ce retour !